La Pologne du passé apparaît toujours bien vivante dans certaines églises de Paris.
A titre d’exemples :
Dans l’église de Saint-Germain-des-Prés, (qui est si austère de l’extérieur et si belle intérieurement), on peut admirer le cénotaphe consacré au roi de Pologne Jan-Kazimierz Waza, qui devint au dix-septième siècle, après bien des évènements, abbé de Saint-Germain-des-Prés.
Jan-Kazimierz fut de 1648 à 1668, Roi de Pologne et Grand-Duc de Lituanie (et accessoirement roi de Suède) à la suite de son frère aîné qui régna sous le nom de Wladyslaw IV. Ils étaient les fils du roi Zygmunt de la dynastie Waza, (originaires de Suède).
Bien qu’il ne se destinât pas, initialement, au trône, la mort de son frère l’y plaça. Il épousa la veuve de son frère, la Française Louise de Gonzague-Nevers. Cependant, la situation chaotique de la Pologne à cette période, secouée par les violents soulèvements cosaques, envahie de tous côtés par les Russes, les Suédois, le poussa en fin de compte à abdiquer après vingt ans de règne. Il choisit l’exil, se retirant en France où Louis XIV l’avait invité et où il devint abbé commendataire de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés. (ainsi que de l’abbaye de la Trinité à Fécamp et de l’Abbaye de Nevers).
Comme tout cénotaphe, celui-ci est vide, le corps du roi Jan-Kazimierz ayant été transféré au Wawel de Cracovie, où il repose parmi les autres rois de Pologne. Il n’empêche que ce beau monument rappelle les liens étroits entre la Pologne et la France à cette époque. Ne manquez pas, si vous passez à Saint-Germain-des-Prés, d’aller le découvrir.
Une autre église de Paris nous parle de l’histoire et la Culture de la Pologne.
L’église Saint-Séverin (située à proximité du bd Saint-Michel, au quartier de la Huchette).
Parmi les nombreuses peintures que renferme cette église, on découvre soudain une inscription en polonais sous un tableau de la Vierge. Il s’agit d’une réplique d’un tableau représentant la Vierge d’Ostrobramska. Ce nom peut-être ne vous dit rien, cher lecteur.
En fait la Vierge d’Ostrobramska est un lieu de pèlerinage important en Lituanie (qui fit partie du royaume de Pologne). Elle a une histoire très intéressante :
Elle porte le nom de « Vierge de la Porte de l’Aurore ». C’est que son histoire commence avec la construction de l’enceinte autour de la ville de Vilnius, dont l’une des portes du rempart fut appelée Porte de l’Aurore. Elle fut décorée en 1503 d’un tableau de la Vierge, revêtue ensuite d’argent par les Carmélites. Plusieurs miracles furent alors mentionnés : Ainsi, la chapelle échappa aux destructions du siège de la ville par les Moscovites en 1655, aux incendies de 1706 et de 1715, et aux destructions causées par la Grande Armée de Napoléon en 1812. Le pèlerinage se poursuit de nos jours, réunissant des visiteurs lituaniens et polonais.
Alors, d’où vient la réplique qui se trouve dans l’église Saint-Séverin ? On la doit à Towianski, un ami du fameux poète Mickiewicz, originaire de Vilnius et arrivé comme lui à Paris lors de la Grande Emigration de 1831.
En 1841, cet activiste politique (dont certains ont reproché la trop grande influence, pas toujours positive, sur Mickiewicz) a été autorisé à installer une copie du tableau, réalisée par le peintre Wankowicz (à qui on doit aussi un célèbre portrait de Mickiewicz) et rapportée de Vilnius à cette époque. Le tableau est surmonté des armes de la Pologne, l’Aigle Blanc, et celle de la Lituanie, le Chevalier blanc, portant l’inscription en polonais et en français: « O Vierge, hâtez-vous de venir à notre aide. ».
On peut reprocher ce que l’on veut à Towianski, mais il avait de la suite dans les idées et c’est grâce à des hommes de sa trempe que des lieux parisiens prestigieux portent, encore de nos ,jours, les traces de l’Histoire et la Culture polonaises.
Hermine