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Sarmates, Vandales et Burgondes

Parmi les commentaires que ce site reçoit, il y en avait un, provenant d’un de nos lecteurs, M. Jean-Pierre POLUS, reçu depuis quelque temps. Considérant la longueur exceptionnelle de ce commentaire, il a été compliqué de l’insérer dans les commentaires – d’habitude beaucoup plus courts – qui s’ajoutent à la fin de chaque article.

Cependant, il eût été dommage de ne pas le faire figurer sur le site, le thème que M. Polus développe longuement apparaissant intéressant à plusieurs titres. Il y évoque en détail l’origine du prénom Wanda, et partant de là sa relation avec la peuplade dite barbare, connue sous le nom de Vandales.

J’ai donc pensé qu’il pouvait être intégré dans un article particulier. Un article consacré particulièrement à ces tribus qui sont présumées être à l’origine du peuple polonais.

Voici donc, pour commencer, le commentaire envoyé par M. POLUS :

Commentaire de Jean-Pierre POLUS

25 mai 2021

Le 25 mai 2021.

Bonjour Hermine,

je vous avais écrit une première fois en février 2018 ; vous aviez eu la gentillesse de me répondre longuement.
Je vous en remercie. Me revoici en mai 2021, trois ans plus tard.
Ce n’est évidemment pas ce que l’on appelle le sens de la continuité.
Je vous présente donc mes excuses pour ce retour si tardif.

J’ai bien lu et relu votre réponse à mon message de février 2018, et je vous suis sincèrement reconnaissant d’avoir pris si généreusement de votre temps.

Evidemment, pour aussi bien connaitre les détails de l’histoire et de la culture polonaises, vous ne pouvez pas ne pas être polonaise vous-même, ou française d’origine polonaise.
« … la Pologne est peu connue en Occident, elle est souvent oubliée, un peu négligée, ne vous semble-t-il pas ? » écriviez-vous.
Les Polonais si talentueux en bien des domaines, ne connaitraient-ils donc pas les techniques du « faire savoir » ?

La forte détermination que je perçois dans votre réponse me renvoie au souvenir de ma mère Wanda, qui fut pour moi un chantre de la transmission de la mémoire polonaise. J’en suis d’ailleurs arrivé à la conclusion que dans les familles, quel qu’en soit le pays, ce sont les mères qui assurent l’essentiel de la transmission orale des valeurs et de la culture familiale, sensiblement plus que les pères, contrairement à une idée reçue.
J’entendais, dans une émission à la radio, que la transmission des traditions mafieuses en Sicile se fait surtout par les mères, les pères passant trop d’années en prison pour pouvoir influencer les enfants ! Une anecdote sans rapport avec les familles polonaises bien entendu.

Vous évoquez avec grande compétence les arts et les lettres propres à la Pologne.

Cependant vous n’abordez pas un autre trait de caractère me semble-t-il très prononcé de la Nation polonaise.
Vous occultez Jagellon à Grunwald en 1410, qui initia le déclin de l’Ordre de ces chevaliers teutoniques si hypocritement avides de nouvelles conquêtes territoriales au nom de la chrétienté ; Jean Sobieski que Louis XIV félicita pour sa victoire contre les Turcs à Vienne en 1683 ; Turcs qui furent ainsi découragés pour des siècles à revenir en Europe. Les 100 000 soldats polonais engagés dans les armées napoléoniennes, qui s’illustrèrent sur tous les champs de bataille, dont la charge de Somosierra, source de l’expression si déviée de son sens originel « être saoul comme un polonais » ; évidemment les Kosciuszko, les Dombrowski, les Sikorski, etc qui illustrent ce trait de caractère du Polonais ; sans oublier les victoires du 303 Squadron de pilotes polonais de la RAF durant la Bataille d’Angleterre.

Dans l’idéologie des trois fonctions que l’on retrouve régulièrement dans les épopées ou la mythologie des Peuples Indo-Européens, selon Georges Dumézil (un héros / guerrier, un sorcier / prêtre, un producteur / paysan ou éleveur ou marchand) le Polonais n’est, me semble-t-il ni un ecclésiastique, ni un producteur ou un business man ; il se montre dans l’Histoire comme un guerrier qui aime vivre dans la paix, mais qui est inflexible face aux risques du combat et qui, pour sa combativité, fut recherché dans les armées étrangères.

Je vous livre à ce sujet un document que je viens de diffuser dans mon réseau d’amis, que j’ai placé sous l’objet suivant : Ai-je des racines de Barbare ?

WANDA.

WANDA fut le prénom de ma mère. Une sœur ainée de mon père se prénommait aussi Wanda.
Wanda est un prénom polonais aussi ancien que Cunégonde, ou Hildegarde, ou Clotilde en France.En polonais, « Wandaly », les Vandales, signifie aussi « ceux de Wanda », ou « de la tribu de Wanda ».
Ma famille maternelle est originaire de Laski-Kempno & Smardze, deux localités polonaises situées dans l’ancien territoire des Vandales Sillings, entre Silésie et Grande Pologne.
Ma famille paternelle est originaire de Kamionek et Trzemeszno, dans la région de Gniezno, en Grande Pologne.

Étymologie
Prénom polonais Wanda, est le nom d’une princesse légendaire d’origine sarmate, tribu alliée aux Vandales, vivant en Pologne ; delà, provient du bas latin Vandali , le mot « Vandales » ou « les Vandales »).

Wanda

Selon la légende, la princesse Wanda régnait sur Cracovie. Fille du roi Krak, fondateur de la ville, elle se sacrifia en se jetant dans la Vistule pour échapper au mariage avec le prince allemand Rytygier et éviter ainsi la soumission de son peuple.
Le nom de cette princesse légendaire est évoqué pour la première fois par le maître Vincent Kadlubek, chroniqueur polonais du XIIIe siècle. L’étymologie de son nom reste confuse. Ce prénom populaire en Pologne est païen, et les filles qui le portent sont en général appelées « Janina », autrement dit « Jeanne », car Wanda était fêtée la nuit du 23 juin, veille de la Saint-Jean.

Références culturelles. Dans la tradition polonaise, Wanda était considérée un peu comme la Jeanne d’Arc française en raison de son courage et de sa résistance nationale à l’envahisseur.
Autour de Cracovie s’élèvent plusieurs tumuli, dont un à Nowa Huta portant le nom de tumulus de Wanda. Elle est d’ailleurs un symbole semi-officiel de la ville ; un centre commercial, une rue, un pont et un stade portent son nom.

Le poète allemand Zacharias Werner a écrit une pièce de théâtre qui s’appelle Wanda.Après s’être rendu au tumulus de Wanda, le poète polonais Cyprian Kamil Norwid a écrit Wanda en hommage à la princesse.Le dramaturge croate Matija Ban a fait de Wanda le symbole de la Pologne dans sa pièce de 1868 Wanda, la reine polonaiseAntonín Dvořák a composé un opéra intitulé Vanda. Écrivant en 1875, il contextualise l’action dans une lutte entre les Slaves païens et les Allemands chrétiens.Alfred de Vigny a écrit : Wanda histoire russe, Un billet de Wanda et Un second billet de Wanda.          Ouida, une auteure anglaise du XIXème, a écrit « WANDA » un roman traduit en français par Fr. Bernard. Edition en deux tomes in 12 (18cm*12 cm), chez Librairie hachette à Paris, 1885. Tome premier : 310 pages ; tome second : 411 pages. J’ai ces deux tomes dans ma bibliothèque ; ils sont reliés d’un dos en maroquin bleu nuit à 5 caissons et demi, nom d’auteur et titre en lettres majuscules dorées. Le thème du roman est profondément inspiré de la légende de la princesse Wanda.

LES VANDALES : une réputation ! ! ! ! ! peu envieuse ! ! ! !Le peuple des Vandales envahit et dévasta la Gaule, l’Espagne et une partie de l’Afrique du Nord au début du Ve siècle. Il est originaire de la zone géographique définie comme la Silésie, et s’étendait sur un territoire compris entre la Vistule et la ligne constituée par les fleuves Oder et Nesse ; au voisinage des Burgondes et des Wisigoths. L’historien byzantin Procope de Césarée décrit les Vandales comme grands et blonds : « Ils sont blancs de visage, ils ont les cheveux blonds, ils sont grands, et de bonne mine ».Source : https://www.google.fr/search?q=origine+des+vandales.
Les Vandales, mentionnés pour la première fois par l’historien Tacite, ont une origine scandinave : pour les Sillings, du Nord du Jutland, pour les Hasdings, du golfe d’Oslo, qu’ils quittèrent pour le Jutland également. Les Vandales sont constitués de deux tribus ou un groupe de tribus germaniques orientales (ou slaves ?) apparues pour la première fois dans l’histoire comme habitant le sud de l’actuelle Pologne et la Slovaquie.

Langue Vandale :
On ne sait que très peu de choses sur la langue vandale, langue qui était issue de la branche linguistique dite germanique orientale. Les Goths ont laissé derrière eux le seul corpus de texte du type de langue est-germanique : une traduction des Évangiles au IVe siècle. À noter que la langue vandale possède des similitudes avec les langues slaves.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vandales#Apparence_physique
• Mavro Orbin et Vlada Stojiljković, « The Kingdom of the Slavs », Zavičaj, vol. 36,‎ 1989, p. 344-347 (ISSN 0514-5902, lire en ligne [archive], consulté le 21 avril 2020)

• Nikola R. Pribic et Mavro Orbin, « Kraljevstvo Slovena », The Slavic and East European Journal, vol. 15, no 2,‎ 1971, p. 252 (ISSN 0037-6752, DOI 10.2307/306422, lire en ligne [archive], consulté le 21 avril 2020)

Certains auteurs médiévaux ont appliqué l’ethnonyme Vandale aux peuples slaves Vénètes, Wendes, Lusitaniens ou Polonais.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vandales#Apparence_physique
• Annales Alamannici, 795 ;

• Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum par Adam de Brême, 1075 ;

• (de) Roland Steinacher, Studien zur vandalischen Geschichte : die Gleichsetzung der Ethnonyme Wenden, Slawen und Vandalen vom Mittelalter bis ins 18. Jahrhundert, Vienne, na, juin 2002 (lire en ligne [archive]).

Un amalgame à corriger.         Dans leurs invasions vers le Nord, les Romains furent arrêtés sur la ligne Rhin-Danube par les tribus germaniques ; ils n’ont donc quasiment pas connu les populations situées au nord et à l’Est de cette ligne. Seules leur étaient connues les colonies grecques de la mer Noire.
C’est pourquoi les écrits des auteurs de l’Antiquité et du début de notre ère font l’ amalgame entre toutes les peuplades situées au nord et à l’Est de la ligne Rhin-Danube, comme si elles avaient été un ensemble de peuples qu’ils qualifient de germaniques.
Or à l’Est des Germains, se situaient des populations Slaves (ou proto-slaves) qui étaient établies là depuis au moins l’âge du bronze ancien.
En témoigne le fait que la ligne de démarcation ancienne entre Germains et Slaves se situait sur l’Elbe ; c’est sur l’Elbe que Charlemagne se battait contre les tribus Slaves. C’est aussi en relation avec ce fait que Staline a imposé que soit fixée sur l’Elbe la limite entre Allemagne de l’Est et de l’Ouest, considérant que le territoire de l’Allemagne de l’Est était un territoire traditionnellement Slave.
Il subsiste encore de nos jours, à l’ouest de l’Oder, sur l’ancien territoire de l’Allemagne de l’Est, des populations nettement slavophones et de traditions slaves préservées, les Sorabes ; ils sont concentrés sur la région dénommée Lusace, qui s’étend sur le sud du Land de Brandebourg et l’est de la Saxe.

Héritage et réputation des Vandales
Source : 
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vandales#Apparence_physique

Tous les Vandales que les historiens modernes connaissent savaient parler le latin, qui était la langue officielle de l’administration vandale (mais la plupart des membres du personnel semblent être des Berbères/Romains natifs). Les niveaux d’alphabétisation dans le monde ancien sont incertains, mais l’écriture est une activité essentielle de l’administration et des affaires. Les études sur l’alphabétisation en Afrique du Nord ont eu tendance à se centrer autour de l’administration, limitée à une élite sociale urbanisée, mais il faut noter que la majorité de la population de l’Afrique du Nord ne vivait pas dans les centres urbains.
Judith George explique que « l’analyse des poèmes [vandales] dans leur contexte reflète les manières et les valeurs des temps ». Très peu de travaux des poètes Vandales d’Afrique du Nord ont survécu, ce qui reste se trouvant dans l’anthologie latine. En dehors de leurs noms, on sait peu de choses sur les poètes eux-mêmes. Leur travail s’appuie sur les traditions romaines antérieures. Les écrivains modernes considèrent généralement que les Vandales ont permis aux romains d’Afrique du Nord de continuer leur mode de vie, avec seulement des interférences occasionnelles.
Les écrivains de la Renaissance et du début de l’ère moderne ont qualifié les Vandales de barbares « pillant et razziant » la ville de Rome. Cela a conduit bien plus tard à l’utilisation en langue française du terme « vandalisme » pour décrire toute forme de destruction insensée.
Dans de nombreuses langues, le qualificatif vandale a une connotation de terreur, de destruction aveugle, de pillage, de saccage. Mais en français, le mot vandale n’est employé pour la première fois dans un sens péjoratif que par Voltaire en 1734. En 1794, l’abbé Grégoire alors député à la Convention, emploie le premier le terme vandalisme. Il l’utilise pour décrire la destruction des monuments et œuvres de l’Ancien Régime par les révolutionnaires. Les Vandales sont finalement devenus au XVIIIe siècle et dans l’historiographie française le stéréotype des peuples barbares du Haut Moyen Âge.
Leur réputation de pillards et de destructeurs est en réalité largement exagérée par les anciens chroniqueurs, hommes de l’Église catholique d’Afrique ou ses partisans, en particulier le Berbère Victor de Vita.
En réalité, les Vandales ne causent pas plus de destructions que les autres peuplades germaniques qui envahissent l’Empire romain à la même époque. Leur pillage de Rome, effectué sans destructions ni massacres, est un modèle d’organisation : les armées vandale et romano-maure passent un accord avec le pape Léon Ier pour diviser la ville en secteurs, afin de s’emparer des richesses de la ville sans violence. Ils divisent Rome, à cet effet, en îlots, qui sont visités successivement, et dont les objets de valeur sont systématiquement emportés.

Les historiens modernes ont tendance à considérer les Vandales, pendant la période de transition de l’Antiquité tardive au début du Moyen Âge, comme des agents perpétuateurs, et non destructeurs de la culture romaine.

Histoire ancienne des Vandales :
Source : 
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sil%C3%A9sie
La civilisation des champs d’urnes (1200 à 1000 av. J.-C. pour cette région) serait originaire de la région de Silésie, ainsi que de Hongrie et de Lusace.
La région est occupée par les Vandales à partir du I er siècle apr. J.-C. Ceux-ci, venus des rives de la Baltique sont repoussés par les Goths vers le sud et s’établissent durablement dans le bassin de la Vistule (où se fixent les tribus des Vandales Hasdings) jusqu’aux rives de la moyenne Oder où s’établissent les tribus des Vandales Sillings qui ont peut-être donné son nom à la Silésie. Au commencement du V ème siècle, fuyant les Huns, et associés à d’autres peuples germains, les Vandales déclenchent un grand mouvement de migration vers l’ouest de l’Europe et, franchissant le Danube, gelé au cours de l’hiver 406, débordent les défenses de l’Empire romain : c’est le début des Grandes invasions dites germaniques mais qui furent tout aussi bien Slaves, Burgondes, Vandales, et Wisigothes.

La GRANDE POLOGNE, territoire de tous les barbares.
Slaves, Burgondes, Vandales, et Wisigoths, toutes ces peuplades ont vécu longuement en voisins, entre l’Oder et la Vistule, en GRANDE POLOGNE, dans la zone qui correspond plutôt-bien à la Poznanie et à la Poméranie, quant à elle, située vers les berges de la mer Baltique, à peu près entre Gdansk, Poznan et Szczecin).
Et comme il se devait en ces temps-là, ils se combattaient « fraternellement » entre voisins. Mais pas que … Ils formaient aussi des alliances politiques ; ainsi, selon les historiens actuels, les Wisigoths, par exemple, auraient été une confédération de différentes populations qui se côtoyaient alors dans cette région.
Puis vers le III ème siècle après J.C., pour des raisons qui ne sont pas encore clarifiées, ils se sont mis en marche vers l’Ouest, vers l’Empire Romain.
Mais quand des populations migraient ce n’était jamais dans leur totalité ; une partie restait sur place composée par exemple des plus âgés, des mères ayant des enfants en très bas âge, des malades, et bien sur des sédentaires casaniers, enracinés depuis trop longtemps dans la terre de leurs aïeux, pour accepter d’en déloger.
Voyez la migration massive des Européens vers l’Amérique du Nord : tous n’y sont pas allés ; les frères François, Joseph et Stanislas de mon grand-père Walérian y sont partis, suivis plus tard de mon arrière grand-mère Anastasia Wendzikowska. Mais ce ne fut pas ce que fit mon grand-père Walérian qui, lui, est venu s’installer en France à Fenain.
De même les migrations du XXI ème siècle auxquelles nous assistons de nos jours, n’introduisent pas en Europe tous les maghrébains ni tous les africains !

Pour ceux qui partirent vers l’Ouest en ces temps reculés, les Burgondes donnèrent son nom à la Bourgogne ; les Vandales ont laissé des traces dans les noms de localités françaises : La ville de Gandelu dans l’Aisne leur doit son nom ( Vuandelus en 1218 était le « bois lucus/i> des Vandales, ou d’un Vandale nommé Wando». Un quartier de Castelsarrasin porte le nom de Gandalou (Castellum Wandalors ou Wandalorum en 961). Gandelain (Orne) doit aussi son nom ( Mons Guantelen en 1050) aux Vandales. Et aussi en Albigeois Sarmases une évocation de la présence de Sarmates, d’autres ancêtres des Polonais, alliés aux Vandales.
Les toponymes Wisigoths se retrouvent dans les noms de lieux qui se terminent par « enx », « ens », inc en Langedoc et piémont pyrénéen (Navarrenx entre Pays basque et Béarn ; en Ariège Sentein, Augirein … ; en Albigeois, Rabastens etc …
L’on peut sérieusement penser que ces sédentaires sont certainement en partie à l’origine des populations modernes locales.

La région de Grande Pologne qui s’étend entre Berlin et Varsovie contient la première capitale de la Pologne, Gniezno, où, avant l’an Mille, un ancien roi polonais du nom de Lech (comme dans Lech Walesa de Solidarnosc) aperçut un soir de chasse, en forêt, un aigle blanc se posant sur un nid, sur un fond de ciel rouge de soleil couchant ; c’est ainsi que l’équivalent de la fleur de lys française est, en Pologne, l’emblème à l’aigle blanc couronné, aux ailes déployées sur fond rouge.

Le bec d’aigle ouvert pour attaquer, et les serres qui se ferment symbolisent la détermination des Polonais à rester les maîtres chez eux. Ils ont survécu obstinément à la partition de la Pologne, contre la coalition entre trois des plus grandes puissances des XVIII ème et XIX ème siècles que furent la Russie, la Prusse, et l’Autriche.
La leçon de l’histoire c’est qu’il est extrêmement difficile de tuer un Peuple déterminé à vivre.

L’histoire commencerait à GNIEZNO, première capitale de la Pologne. C’est dans cette bourgade de l’Ouest de la Pologne, près de Poznan, que Mieszko 1er, Chef de la tribu des Polanes, a fondé la nation polonaise, en unissant plusieurs tribus slaves.

Et que signifie « GNIEZNO » ? Dans toutes les langues slaves, ce mot signifie « le nid » – même si en polonais, ce mot a un peu évolué en « Gniazdo ».
Il est donc question de nid. Un nid d’aigles, si l’on s’en réfère au récit des premiers chroniqueurs de la Pologne. C’est à Gall l’Anonyme, moine du XIème siècle – sans doute venu de France – installé sur le territoire de la Pologne, que l’on doit les premiers récits , écrits en latin, de l’histoire polonaise (avant que Wincenty Kadlubek puis l’historien Jan Dlugosc ne prennent la relève).
Et c’est dans les « Chroniques polonaises » de Marcin Bielski (Kronika Polska) que l’on lit ceci :
« Lech, notre premier ancêtre, a créé la ville de Gniezno, ainsi qu’un château et un lac. Et il l’a appelée Gniezno, car il y a vu un aigle se poser sur son nid dans un arbre »….

La « longue marche » des Vandales (du début de notre ère à 429) : une Odyssée !
Source : Encyclopédie Universalis Vandales 
https://www.universalis.fr/encyclopedie/vandales/1-la-longue-marche-des-vandales-du-debut-de-notre-ere-a-429/

La « longue marche » qui conduisit les Vandales des confins de la Baltique à la Tunisie au cours des cinq premiers siècles de notre ère apparaît comme une véritable odyssée. Originaires de Scandinavie, « matrice des peuples » germaniques comme l’écrivait l’historien Jordanès au vie siècle après J.-C., les Vandales se fixèrent vers le début de notre ère sur les côtes méridionales de la Baltique, en Poméranie et en Poznanie, en GRANDE POLOGNE.
C’est alors que le nom de Vandale qui, selon Pline, s’appliquait aussi à d’autres peuples barbares, tels les Burgondes, ne qualifia plus que les peuples venus de Scandinavie. Ceux-ci se scindèrent à cette époque en deux groupes, les Hasdings (dont le nom, selon L. Musset, ne désigna que la famille royale), et les Silings dont les cheminements furent tour à tour distincts et communs.
Les Vandales se divisaient donc en deux grandes tribus : les Hasdings et les Silings (d’où dérive le nom de la région de Silésie).

Liste des rois vandales connus
1. ???-406 :
Godégisel (Godageisal)
2. 407-427 : Gondéric
3. 428-477 : Genséric (Geiseric)
4. 477-484 : Hunéric
5. 484-496 : Gunthamund
6. 496-523 : Thrasamund
7. 523-530 : Hildéric
8. 530-534 : Gélimer (Geilimer)

Deux grandes tribus Vandales: Sillings et Hasdings.

Les Vandales Sillings : ils sont l’un des deux principaux rameaux du peuple vandale, scindé depuis le IIIe siècle au moins en deux grandes tribus, les Hasdings et les Sillings. En Germanie, la tribu Silling est installée sur un territoire correspondant à-peu-près à l’actuelle Silésie, région qui lui doit peut-être son nom. Après la traversée du Rhin (hiver 406/407), l’invasion de la Gaule (407/409) puis de l’Hispanie (à partir de 409) aux côtés des Hasdings, des Suèves et de quelques clans Alains, les Sillings s’installent en 411 au sud de la péninsule ibérique, en Bétique, et les Hasdings dans le Nord-Ouest, en voisin des Suèves, installés plus au nord (Galice).
En 418, alors conduits par leur roi Fredebal, ils sont sévèrement battus par les Wisigoths, envoyés dans la péninsule par Rome pour la « nettoyer » des « Barbares ». Les Alains échappent de peu à l’extermination tandis que les Suèves sont eux aussi durement battus et doivent se contenter de la Galice ; quant aux Sillings, ils sont quasiment exterminés et leur roi Fredebal est capturé.
Le peuple, réduit et sans roi, doit rejoindre les Hasdings installés dans le Sud, en Bétique (Andalousie). Sillings et Alains décident de choisir pour autorité le roi Hasding Gondéric. Les Hasdings deviennent l’aristocratie dominante des deux peuples.
En 429 les Vandales et Alains s’installent en Afrique du Nord et fondent un royaume qui dura jusqu’en 530.

Les Vandales Hasdings : ils s’établirent tout d’abord entre les cours supérieurs de la Vistule et du Dniestr puis, comme les Goths, ils se dirigèrent vers la Dacie romaine (Roumanie actuelle) à la fin du II ème siècle, sans parvenir à s’y installer. Ils descendirent ensuite vers le sud, remontant la vallée du Danube et s’établissant au milieu du III ème siècle en Pannonie (Hongrie actuelle). De leur côté, les Silings séjournèrent durablement en Silésie (à laquelle ils donnèrent leur nom), avant de se fixer dans le bassin du Main supérieur à la fin du III ème siècle.
L’arrivée des Huns en Occident chassa les Hasdings de Pannonie et provoqua dans les premières années du V ème siècle leur jonction avec les Silings en compagnie desquels ils se dirigèrent vers le Rhin moyen. Ils y rencontrèrent d’autres Germains, les Suèves, et des nomades d’origine iranienne, les Alains, fuyant les Huns.

HOMONYMES de WANDA dans le Monde.
Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Cette page liste les différents articles ayant pour titre Wanda.
Personnes
• La princesse Wanda de Cracovie. Fille du roi Krakus
• Wanda Landowska (1879-1959), pianiste et claveciniste polonaise,
• Wanda Jackson (1937-), rockeuse américaine,
• Wanda Rutkiewicz (1943-1992), alpiniste polonaise,
• Wanda Ribeiro de Vasconcelos (1962-), la chanteuse Lio,
• Wanda von Sacher-Masoch
• Wanda de Mergi, émigrée polonaise personnage d’un roman d’Honoré de Balzac (et évoquée par Fernand Lotte) pour sa maladie et sa guérison spectaculaire.
Arts et culture
Cinéma
• Un poisson nommé Wanda, film américano-britannique de Charles Crichton, sorti en 1988 ;

• Wanda, film américain de Barbara Loden, sorti en 1970.
Jeux vidéo
• Le héros du jeu japonais Shadow of the Colossus est prénommé Wanda ;
• Dans Mario and Wario, on peut contrôler aussi une fée s’appelant Wanda.
Littérature
• Le roman La Croisière du Nyctalope de Jean de La Hire paru en feuilleton en 1936, fut réédité en 1953 dans une version modifiée sous le titre de Wanda.
Musique et chansons
• Wanda, groupe autrichien fondé en 2012.
• Voir la Liste des chansons francophones dont le titre contient Wanda

Wanda, du mythe au roman.

Source : Wanda, du mythe au roman. Par François Rosset de l’Université de Lausanne. Dix-Huitième Siècle Année 1995 27 pp. 453-465. Fait partie d’un numéro thématique : L’Antiquité
Persée. 
https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1995_num_27_1_2069

Espérant ne pas vous avoir lassé avec cette longue digression qui repose sur l’idée non conventionnelle selon laquelle les peuples à l’origine des dites Invasions germaniques auraient été des habitants en partie germanophones et en partie slavophones, qui ont conduit par fusion à la population polonaise actuelle, au moins en Grande Pologne, ceci avec bien entendu des nuances.

Jean-Pierre.

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Réponse de l’administration :

Merci à vous, Jean-Pierre, de cette information, fruit de vos recherches sur le prénom Wanda et la peuplade des Vandales, originaires, semble-t-il, de cette contrée orientale de l’Europe qui maintenant est la Pologne. Votre commentaire intéressera certainement en particulier les nombreuses personnes d’origine polonaise portant le prénom de Wanda.

Les tribus constituant ces invasions « barbares » sont entourées d’un certain mystère, en Occident comme en Europe de l’Est. Les tribus – dites, en genéral, « germaniques » (Francs, Burgondes, Goths, et autres,) qui ont déferlé vers l’Ouest, à cette période lointaine,  ne sont-elles pas, en France aussi, l’objet de débats divergents sur leur rôle dans la naissance de la France proprement dite ?

Quelques mots sur les Burgondes : Les Burgondes provenaient, selon les historiens, de l’Est de la Germanie. Certains de ces historiens assurent qu’ils provenaient de l’Est de la Baltique, et plus particulièrement de ce territoire qui est maintenant le nord de l’actuelle Pologne. Les Burgondes seraient donc, eux aussi, des ancêtres de Pologne venus finalement se sédentariser à l’Ouest, formant la Bourgogne, un territoire qui fut si puissant, dont les ducs – Charles le Téméraire entre autres – avaient fini par acquérir un pouvoir si fort qu’ils s’opposaient à celui de la royauté de France.

En ce qui concerne les Vandales, il est fort probable qu’ils provenaient des territoires à l’Est de la Germanie, qui constituent maintenant la Pologne. Sont-ils pour autant nos véritables ancêtres ? N’oublions pas que les érudits gréco-romains appelaient cette contrée– sur les cartes géographiques – SARMATIA.

Un Vandale

Nous voici donc face à une autre peuplade, celle-ci paraissant plus ancienne encore,(et tellement plus glamour !) installée alors sur le territoire de la Pologne, les Sarmates étant considérés par les historiens comme « peuple proto-slave », arrivé sur le territoire entourant la Vistule, environ 800 ans avant notre ère, venant, quant à eux, des steppes d’Asie centrale, après s’être séparés des Scythes.

Contrairement aux Vandales qui ont jusqu’à nos jours, une bien mauvaise réputation de sauvagerie (à tort ou à raison, comme vous le rappelez), les clichés n’étant pas souvent le reflet exact de la réalité, les Sarmates, par contre, apparaissent comme avoir été l’objet d’admiration à leur époque – et le sont restés par le phénomène du « Sarmatisme », ce mouvement qui s’est développé par la suite parmi les nobles Polonais. (voir sur ce site l’article « Les Sarmates en leur manoir » qui explore ce phénomène).

Ces aristocrates polonais cultivaient, en se supposant les descendants des antiques Sarmates, un sens passionné du patriotisme, en même temps que le goût pour l’Orient ainsi que pour les fastes. Ce mouvement sarmatiste, se développant en Pologne entre le seizième et le dix-huitième siècles, a laissé de remarquables œuvres tant littéraires qu’architecturales, mêlées à l’art baroque polonais.

Un noble Sarmate

Malheureusement, en raison des évènements douloureux qui n’ont plus cessé de bouleverser la Pologne, tout ceci a été bien oublié. (lorsque des films ou des livres parlent de Sarmates, cela ne se rapporte même plus aux Polonais – Est-ce dû au fait que les Polonais, et surtout les descendants de Polonais vivant en Occident, se révélent fort peu enclins à parler de la Pologne en termes positifs et à s’intéresser à ce qui est glamour dans son passé ?).

Et à propos de l’évocation des évènements au cours desquels les Polonais ont montré leur courage guerrier, Jean-Pierre, je réponds à vos premiers paragraphes où vous vous étonnez que ce site occulte ce trait de caractère des Polonais au cours de l’histoire. Il me semble au contraire que j’’ai maintes fois évoqué cette aptitude de nombreux héros polonais, connus ou anonymes, à défendre les valeurs de leur patrie, de l’honneur, lors de différents articles (en dépit de certains Franco-Polonais qui ne veulent pas entendre parler de faits héroïques et qui, dès qu’on évoque ce sujet, nous font passer pour des « nationalistes ». Pour eux, le mot « patriotisme » est un gros mot).

Tout dernièrement, l’article « Les trois mousquetaires polonais », rappelle le courage des généraux Kosciuszko, Pulaski, Kniazewski. Côté femmes, pareillement, un article pour sortir de l’oubli l’incroyable agent secret Kristyna Skarbek, Janina Lewandowska tuée à Katyn, et puis l’héroïne de temps antérieurs, la toute jeune Emilia Platerowa.

Et c’est elle, justement, qui mérite d’être identifiée à une « Jeanne d’Arc polonaise » (bien plus, à mon avis, que la princesse Wanda). La princesse Wanda qui, selon la légende, a préféré se jeter dans la Vistule plutôt que d’épouser un prince allemand, est certes un personnage admirable.

Mais celle qui, les armes à la main, a combattu jusqu’à la mort (à l’instar de Jeanne d’Arc) sous un uniforme de capitaine afin de soutenir l’insurrection de la Pologne et combattre pour son indépendance menacée au dix-neuvième siècle par les Russes, c’est la courageuse Emilia Platerowa. Même le grand poète Mickiewicz lui a consacré un merveilleux poème.

J’ai également évoqué le courage des Polonais sur les champs de bataille (à l’époque de Sobieski, de Napoléon, durant la Seconde guerre mondiale) notamment dans l’article « Les Polonais et l’Europe ».

Cependant, vous avez raison, on n’en parle jamais assez, d’autant plus que les faits d’armes des Polonais, morts pour leur patrie mais aussi pour l’honneur de l’Europe et les justes causes, n’est pas assez connu – ou bien trop oublié en Occident. (Le long combat de Polonais, notamment, au sein de Solidarnosc, pendant dix années, jusqu’à la chute de l’Union soviétique, est lui aussi de plus en plus occulté, pour en conférer tous les mérites aux Berlinois et leur fameux mur !)

Hier soir, la chaîne ARTE présentait un remarquable film documentaire « Eté 39 », montrant la férocité d’Hitler, sa propagande venimeuse envers le peuple polonais, l’attaque de Gdansk et Varsovie et les premiers jours de la guerre avec ses atrocités, le pacte germano-soviétique signé par le fourbe Staline, et, face à cet enfer, le courage des Polonais dont les villages étaient incendiés, les habitants tués ou torturés.

Tout ce passé héroïque de la Pologne risque fort d’être totalement ignoré des jeunes Occidentaux s’il n’est pas rappelé. Aussi, je vais consacrer dans les jours qui viennent un article au roi Sobieski, qui, comme vous le rappelez, avait vaincu ces Turcs qui avaient déjà envahi une grande partie de l’Europe au dix-septième siècle.

Vous signalez qu’il en avait été félicité par Louis XIV. En fait ce n’est pas seulement le roi français qui l’en avait complimenté, c’est toute l’Europe qui avait alors remercié et glorifié Sobieski – et particulièrement à Rome où il avait reçu le surnom de « Sauveur de l’Europe et de la Chrétienté ». (Louis XIV, semble-t-il, en aurait même ressenti un peu de dépit, le glorieux Sobieski lui ayant, pour quelques semaines, fait de l’ombre).

Merci à Jean-Pierre POLLUS d’avoir partagé avec nous ses informations sur Wanda, les Vandales et le passé du peuple polonais.

                                                                       HERMINE

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Les Trois Mousquetaires (polonais)

Chers lecteurs, je souhaite vous présenter trois valeureux mousquetaires. Oh, il ne s’agit pas des fameux mousquetaires français d’Alexandre DUMAS.

Car ces trois héros-là, sont polonais. Leurs mérites n’ont été ni imaginés ni enjolivés par un roman, ils sont bien réels, et ils sont célébrés depuis deux siècles par les Etats-Unis. En effet, s’ils ont commencé à accomplir leurs exploits en défendant vaillamment l’indépendance de la Pologne contre la menace russe, ils les ont continués tant en France qu’en Amérique. Ils ont ainsi combattu pour l’indépendance des Etats-Unis qui continuent de vénérer leur mémoire.

Le premier de ce trio n’est pas très connu en France, et pourtant il est particulièrement célébré en Amérique, où il bénéficie du rare privilège d’avoir obtenu du Congrès américain le titre de Citoyen d’honneur et même d’avoir son « Mémorial Day ».

Il s’agit de Kazimierz PULASKI.


Ce comte polonais, devenu général, est né en 1745 à Varsovie. Fils de staroste, il a reçu une bonne instruction durant le règne du roi Stanislas-Auguste Poniatowski. Il va rejoindre en 1768 les Confédérés de Bar qui se composaient de nobles s’opposant à la politique jugée trop pro-russe du roi, notamment trop favorable à Catherine de Russie. Pulaski réalisa ses premiers faits d’armes alors en défendant le monastère de Jasna Gora contre les troupes russes.

Mais la Pologne était déjà tombée dans un indescriptible chaos et ne pourra échapper aux partages par les ogres voisins malgré les ardents défenseurs de la patrie tels Kosciuszko et Pulaski. Ce dernier doit donc fuir d’abord vers la France, à l’invitation de La Fayette.

La Fayette va alors lui demander de l’accompagner vers les Etats-Unis en plein combat pour l’indépendance.

C’est là-bas que les exploits militaires de Kazimierz Pulaski vont se multiplier. Participant à la bataille de Brandywine, il devint le garde du corps de George Washington  lui sauvant la vie en 1777. Il fut nommé général commandant l’unité de cavalerie, ce qui lui vaudra le surnom de « père de la cavalerie américaine ».  

« La légion Pulaski » se fera remarquer pour son courage également lors de la bataille de Germantown, puis au siège de Charleston.

Le siège de Savannah, où Pulaski commandait les cavaleries française et américaine, hélas lui sera fatal. Il meurt au champ de bataille en 1779, âgé seulement de 34 ans…

Sa dépouille ayant été enterrée dans une plantation de la région, elle ne sera découverte qu’en 1996 et n’a pu bénéficier de funérailles officielles qu’en 2009.

Des tableaux peints par de grands peintres polonais l’ont représenté, notamment des œuvres de Styka et Chelmonski.

A noter que les Américains continuent d’honorer la mémoire de Kazimierz Pulaski le 11 Octobre de chaque année. (Pulaski Mémorial Day).

Voici le second, qui lui aussi continue d’être vénéré aux Etats-Unis :

Tadeusz KOSCIUSZKO. C’est un personnage beaucoup plus connu, en France, que Pulaski  (ce site l’a évoqué dans l’un de ses premiers articles  « Grâce à eux, la Pologne existe toujours »).


Tadeusz KOSCIUSZKO est né le 4 février 1746 en Pologne dans une famille noble polonaise. Il a fait ses études à l’école des Cadets de Varsovie où il se distingua par ses qualités. Le roi Poniatowski l’a envoyé momentanément à Paris compléter ses études militaires. En 1774, il partit vers l’Amérique rejoindre les colons américains en lutte contre l’Angleterre pour l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Son rôle dans cette guerre d’indépendance américaine lui vaudra, comme Pulaski, de nombreuses distinctions pour son courage aux côtés de George Washington. Il fut nommé citoyen d’honneur et devint général de l’armée des Etats-Unis.

Avant de quitter les Etats-Unis pour revenir en Europe, Kosciuszko fit montre de qualités humaines aussi admirables que ses compétences militaires : En effet, avant son départ, il a rédigé un testament par lequel il demandait officiellement à Thomas Jefferson d’utiliser ses propriétés et son argent qu’il laissait aux États-Unis pour affranchir des esclaves afro-américains et les préparer à une vie indépendante.

De même par la suite, en 1789, son aide à la cause révolutionnaire en France lui vaudra d’être nommé citoyen d’honneur de ce pays aussi.

A son retour en Pologne, il va prendre également le titre de général dans l’armée.

C’est là que son courage et son patriotisme à la cause polonaise atteindront leur point culminant lors des dramatiques évènements qui vont entraîner la Pologne dans un chaos sans précédent. Le roi Poniatowski, ex-amant de la tsarine Catherine II de Russie, avait obtenu le trône de Pologne en 1764, acceptant un « protectorat » de la Russie. Durant les premières années de son règne, cependant, Poniatowski avait su assez habilement transiger avec cette tutelle russe et parvenir à épanouir une renaissance de la Culture polonaise en encourageant activement intellectuels et artistes – et, fait important – avoir institué une Constitution en Pologne (la première d’Europe) apportant de grandes réformes sociales. Mais, furieuse, la tsarine avait envahi Varsovie en 1792, voulant écraser toute indépendance. C’est à ce moment que le général Kosciuszko prit la tête des opérations, se battant comme un lion, conduisant le soulèvement de la Pologne à Cracovie et à Varsovie. Ses troupes parvinrent à vaincre les Russes à Raclawice le 24 Mars 1794, lors d’une spectaculaire bataille où même les paysans se rallièrent héroïquement au combat. Mais les armées russes et prussiennes s’allièrent et écrasèrent, le 10 octobre 1794, les patriotes polonais à Maciejowice. Kosciuszko fut grièvement blessé pendant cette bataille. Ensanglanté, il aurait prononcé ces célèbres paroles de désespoir en latin : « FINIS POLONIA ».

 Il n’était pas mort cependant. Les Russes le firent prisonnier, avec d’autres vaillants défenseurs polonais, comme les généraux Sierakowski, Kamienski et Kniaziewicz et l’écrivain-activiste Julian Niemcewicz (notre troisième mousquetaire ci-dessous). Kosciuszko, comme tous ces autres défenseurs de la cause polonaise resteront prisonniers en Russie pendant deux années, jusqu’à ce que, fort heureusement, le tsar Paul 1er, fils et successeur de Catherine II, leur rende la liberté aussitôt après la mort de sa mère la tsarine qu’il détestait.

Entre temps, le dernier roi de Pologne, Poniatowski, avait été à son tour destitué de son trône par la tsarine et envoyé à Saint-Petersbourg où il est mort en 1796. Le dernier partage de la Pologne entre la Russie, la Prusse et l’Autriche avait eu lieu, rayant le pays de la carte. Seul l’empereur Napoléon 1er – en campagne contre la Russie – éveillait le dernier espoir pour la Pologne de retrouver la liberté. Néanmoins, le général Kosciuszko, réfugié à Paris après sa libération, ne partageait pas l’enthousiasme confiant des romantiques polonais pour Napoléon. Il revendiquait auprès de ce dernier pour la Pologne le rétablissement d’un immense territoire digne de sa grandeur passée. Napoléon jugeait cette revendication trop irréaliste. C’est donc sous le commandement du général polonais Dabrowski que les légions polonaises partiront combattre au sein de la grande armée impériale. La Pologne put renaître temporairement sous la forme du Duché de Varsovie institué par Napoléon, mais pour une courte durée, ce nouveau duché se délitant avec les défaites de Napoléon, jusqu’à son abdication. Le dépeçage de la Pologne persista, entraînant une vaste émigration de personnages polonais.

A la chute de Napoléon, la France étant occupée par les armées ennemies, Kosciuszko d’abord retiré à Montigny-sur-Loing, partit en Suisse où il mourut le 16 octobre 1817. Il reste pour tous les Polonais le symbole de la résistance héroïque au moment des pires malheurs de la Pologne.

Son corps, d’abord enterré à Soleure en Suisse, a été transféré avec tous les honneurs à Cracovie pour reposer au Wawel, aux côtés des rois et héros de Pologne. Son cœur est conservé au château royal de Varsovie.

A noter qu’en outre, les Polonais lui ont édifié une colline artificielle, appellée « Kopiec ». Il est resté un héros dans de nombreux pays du monde. Un monument est érigé en son honneur à Montigny- sur-Loing, une montagne d’Australie porte son nom. Quant aux Américains, ils l’ont vénéré en donnant son nom à un pont de New-York et en inscrivant au registre national des lieux historique la maison qu’il occupa à Philadelphie. Il a été représenté par les plus grands peintres, dont Kossak et Matejko.

Le troisième : Julian-Ursyn NIEMCEWICZ.

Voici un héros vraiment pas ordinaire. Pas vraiment militaire d’ailleurs, contrairement aux deux autres. Car Niemcewicz fut avant tout un homme de lettres polonais, dont le destin se mêla cependant à celui de Kosciuszko. (Ce site l’a évoqué entre autres dans la rubrique « 7 poètes polonais »).

D’abord compagnon aide de camp du général Kosciuszko, il se battit à ses côtés lors de ses vaillants combats pour sauver l’indépendance de la Pologne, notamment à la bataille de Maciejowice ; Avec Kosciuszko, il fut emmené prisonnier à Saint-Petersbourg sur ordre de Catherine de Russie et y fut retenu pendant deux années. Le nouveau tsar Paul, à la mort de sa mère Catherine de Russie, montra une surprenante sympathie envers Kosciuszko, Niemcewicz et autres résistants polonais, à qui il offrit des cadeaux et des domaines que Kosciusko et ses compagnons refusèrent. Kosciuszko, quoique affaibli depuis sa blessure, avait hâte de fuir la Russie, et, ne pouvant aller vivre dans la Pologne, il partit pour l’Amérique. Niemcewicz le suivit.

La forte personnalité de Kosciuszko n’éclipsa pas Niemcewicz. De natures fort différentes, ils eurent chacun leur place. Niemcewicz était un personnage ironique, enjoué, à l’aise partout. Là-bas, accueilli aisément, il poursuivit une double-carrière d’écrivain-poète et d’homme politique, invité par le président George Washington. Il devint alors son premier biographe. Il fit partie en même temps de la Société de philosophie de Philadelphie, écrivant pour Jefferson son récit relatant leur captivité russe.

Cependant, cet homme grand voyageur que rien ne paraissait effrayer au cours de sa longue vie, revint en Pologne où il eut un rôle politique pendant des années à Varsovie (où il connut Chopin alors tout jeune). La situation politico-sociale de la Pologne, toujours dépecée, ne s’était pourtant guère arrangée. Le tsar Paul 1er qui s’était montré si polonophile, n’avait régné que trois années avant d’être assassiné. Celui qui s’y était arrogé le titre de « roi de Pologne », le grand-duc Constantin, était le frère du nouveau tsar Alexandre1er.  Constantin (que Niemcewicz et d’autres Polonais appelaient ironiquement le « Napoléon du Belvèdère ») était un personnage très controversé. Lorsqu’Alexandre 1er mourut en 1825, c’est lui qui aurait dû lui succéder en qualité de tsar. Mais Constantin avait préféré abdiquer (en faveur de son autre frère Nicolas 1er), s’étant épris d’une jeune Polonaise, Melle Grudzinska princesse de Lowicz. En l’épousant, il avait donc renoncé à son titre d’héritier de l’empire russe et en échange de cette renonciation, Alexandre lui avait accordé le titre de roi de Pologne. Malgré un certain attachement montré par Constantin envers la Pologne, les Polonais le considérait comme un despote et nombreux étaient ceux qui voulaient fomenter une insurrection contre lui.

Niemcewicz était assez habile pour avoir, à Varsovie, ses entrées dans la demeure du Grand-Duc qui lui inspirait beaucoup d’ironie. Sachant par exemple que Constantin portait un véritable culte à son père, le défunt Paul 1er, Niemcewicz se servait du présent que cet ancien tsar lui avait jadis offert en le libérant de sa captivité à Saint-Petersbourg : Une tabatière ornée de son portrait, qu’il sortait vite pour l’exhiber aux yeux de Constantin lorsqu’il avait provoqué les foudres de ce dernier par son audace, ses habituels traits mordants et bons mots. Le Grand-Duc se radoucissait ainsi immédiatement. Constantin recevait en outre les artistes polonais, dont le petit Chopin, qui, enfant prodige, avait composé une marche pour sa garde et qu’il aimait inviter afin de tenir compagnie à son propre fils.

Quand vinrent ces grands jours de la révolution de 1831 en Pologne, contre le despotique tsar Nicolas 1er, Niemcewicz y participa et subit le sort des nombreux insurgés, forcés de prendre la route de l’exil. Parmi ces migrants, Chopin, Mickiewicz, au milieu d’autres artistes et aristocrates, composant ce qu’on appela « La Grande Emigration ».

Niemcewicz, exilé à nouveau, s’installa près de Paris, à Montmorency. Il continua d’écrire de très nombreux poèmes, notamment des odes historiques en mémoire des grands rois de Pologne tels Boleslaw le Vaillant, Jan Sobieski ou la reine Jadwiga.

Il mourut en  1841 à Montmorency et il est enterré aux côtés de son ami de toujours, le général Kniazewicz, qui, dans leur jeunesse, avait été lui aussi captif à Saint-Petersbourg. Ce général Kniazewicz pourrait-il faire figure de « quatrième mousquetaire » façon D’Artagnan, à l’instar des Trois Mousquetaires de Dumas, qui furent quatre en fin de compte ? Pourquoi pas ? Karol Kniazewicz était un personnage peu ordinaire lui aussi. C’était un général et homme politique polonais, vétéran des guerres pour l’indépendance de la Pologne, qui avait activement participé à l’insurrection menée par Kosciuszko en 1794 contre les Russes. Il avait ensuite rejoint les armées françaises de la Révolution puis les troupes napoléoniennes où il se distingua particulièrement aux batailles de Moskova et de Berezina.

Puis, rentré à Paris, devenu proche du prince Czartoryski qui accueillait les émigrés dans son splendide hôtel Lambert, Kniazewicz devint l’icône de la cette Grande Émigration.

Sur ses vieux jours, le général Kniazewicz se fixa à Montmorency où il acquit une belle maison en lisère de la forêt, qui déclencha chez lui une seconde vocation : Celle de peintre ! Il réalisa de nombreux paysages, avant de mourir en 1842, un an après son grand ami Niemcewicz.

A noter que pour ses vaillants combats dans l’armée de Napoléon, son nom est gravé sous l’Arc de Triomphe de la Grande Armée à Paris.

Voici un bref aperçu de l’histoire de ces « trois mousquetaires » polonais, chacun d’eux différent, mais se ressemblant et unis par leur patriotisme et leur courage, que les Etats-Unis n’ont pas oubliés (mais, comme beaucoup de personnages polonais, trop méconnus en France et notamment par les Français d’origine polonaise)…

                                                                                                                                                      Hermine

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Trois femmes-mousquetaires polonaises – Krystyna, Janina et Emilia

Chers lecteurs, dans un récent article nous avons présenté « les trois mousquetaires » polonais, vaillants combattants qui se sont illustrés au cours des siècles. Nous n’oublions les femmes polonaises, qui ont fait preuve de beaucoup d’héroïsme elles aussi. En voici trois exemples, trois femmes dont on ne parle pas assez aujourd’hui.

KRYSTYNA SKARBEK

La première de ces impressionnantes héroïnes est Krystyna SKARBEK. Courageuse autant que douée, cette femme agent secret eut une vie pleine d’aventures avant de mourir à l’âge de 44 ans à Londres.

Elle est née en 1908 à Varsovie d’une famille d’aristocrates et de banquiers, ce qui lui assura une enfance choyée et confortable où activités intellectuelles et sportives la rendront aguerrie pour la vie aventureuse qui sera la sienne ensuite. Dans l’adolescence, un séjour à Zakopane dans les Tatras lui permettra notamment de pratiquer le ski remarquablement, ce qui lui sera ensuite très utile.

En 1938, elle épouse Jerzy Gizycki, écrivain et diplomate qui sera nommé consul de Pologne à Nairobi. Voici que commencent ses voyages peuplés de mésaventures. Car la guerre éclate en 1939, l’Allemagne ayant envahi la Pologne. Déménageant alors à Londres avec son époux, Krystyna va dorénavant mettre ses compétences au service de la lutte contre les envahisseurs nazis.

Elle va proposer aux autorités britanniques de participer à cette guerre en tant qu’agent secret. Elle est envoyée tout d’abord en Hongrie en 1940 et de là, elle parvient à passer en Pologne à travers la neige des Monts Tatras.

Elle se lie durant cette mission à un officier polonais, Andrzej Kowerski, (de son autre nom Andrew Kennedy), lui-même agent de renseignements pour les alliés. Elle se voit confier diverses nouvelles missions dont celle de sabotage en Hongrie, de la ligne de communication sur le Danube et d’information sur les réseaux routier et ferroviaire aux frontières de la Roumanie. Il va sans dire que ces actions lui font courir un grand risque et en janvier elle est arrêtée par la Gestapo et parvient cependant à s’échapper de Hongrie par les Balkans et la Turquie jusqu’à atteindre l’Egypte.  

Krystina et son ami Kowerski ne seront cependant pas bien vus des autorités britanniques en raison de leurs contacts avec un service de renseignement polonais qui se nomme « Musketeers ». Les soupçons dissipés, ils peuvent reprendre leurs activités d’espionnage, d’autant plus que l’URSS qui, jusqu’ici en vertu du pacte germano-soviétique, avait commencé la guerre comme alliée de Hitler, est soudain envahie en juin 1941 par l’armée allemande, cet évènement ayant été prédit tant par le réseau Musketeers que par le réseau Ultra.

Côté cœur, Krystyna choisit de se séparer de son mari Jerzy Gizycki (lui aussi engagé dans la lutte clandestine) pour donner la préférence à son ami Kowerski.

 C’est au cours des évènements de 1944 que Krystyna va accomplir ses exploits les plus fameux. Grâce à sa parfaite connaissance du français, elle va être choisie (en empruntant comme nom de guerre « Christine Granville »), pour remplir une mission de courrier du réseau « Jockey ». De manière spectaculaire, elle est parachutée dans le Vercors, et va aider le réseau Jockey en faisant la liaison entre les partisans italiens et les maquisards français, par des opérations contre les Allemands dans les Alpes. Cette action met en pratique tant ses hautes endurances physiques que ses compétences linguistiques.

 Le chef de son réseau ayant été arrêté par un contrôle allemand et conduit au siège de la Gestapo, avec deux autres compagnons, lorsque Krystyna l’apprend, elle entreprend de les sauver. Elle fait quarante kilomètres en vélo pour atteindre Digne où elle prend contact avec le capitaine de gendarmerie française qui assure la liaison entre la Préfecture et les autorités allemandes, en se présentant comme la nièce de Bernard Montgomery et proposant deux millions de francs pour le libérer. Cette rançon sera versée le lendemain, transportée depuis Alger et parachutée par la RAF. Les trois officiers, sur le point d’être exécutés, auront donc grâce à elle la vie sauve et seront libérés. A la fin de la guerre, le gouvernement polonais en exil à Londres s’apprête à la parachuter en Pologne mais l’opération échoue, les premiers agents parachutés ayant été capturés par les Soviétiques.  Ainsi se termine son action en 1945.

Après la guerre, elle reste en Angleterre où les autorités traînent à lui accorder la citoyenneté britannique qu’elle ne recevra qu’en décembre 1946.

Divorcée de Gizycki, elle mettra fin également à sa relation amoureuse avec Kowerski. Pour gagner sa vie, elle enchaîne des petits boulots puis s’engage comme hôtesse sur un navire de la compagnie Shaw Savill Line jusqu’en 1951 puis sur le Winchester Castle.  

C’est en Juin 1952 que sa vie va s’arrêter tragiquement alors qu’elle se trouve au Shelbourne Hôtel à Londres. Elle est poignardée par un amoureux dont elle a repoussé les avances. Son meurtrier est un steward, Muldowney, qu’elle avait rencontré sur le navire.

Elle est enterrée au cimetière de Kensington à Londres.

Krystyna Skarbek a reçu des décorations en Angleterre et en France (en 1947 elle est déclarée officier de l’Empire Britannique et en 1945 elle reçoit la Croix de Guerre française).

Cependant, il est à noter que cette vaillante héroïne, qui s’était dévouée corps et âme à la lutte anti-nazie, a été laissée, par le gouvernement britannique sans ressources quand la guerre prit fin, obligée de se débrouiller pour gagner sa vie comme elle le pouvait. (ce qui avait choqué Xan Fielding, cet agent britannique qu’elle avait sauvé à Digne).

Par son audace, ses compétences et sa beauté, (qui, parait-il, ont fasciné tant Churchill que Ian Fleming l’auteur des James Bond), Krystyna Skarbek apparaît comme une véritable héroïne de films et de romans.

Elle est, elle aussi, hélas, tombée aujourd’hui dans l’ignorance et l’oubli… 

JANINA LEWANDOWSKA

Cette deuxième héroïne, Janina LEWANDOWSKA est une aviatrice qui a été exécutée à KATYN en 1940 par les Russes.

Elle est née en 1908 à Kharkov, fille d’un général polonais. Après de brèves études au Conservatoire de musique de Poznan, qu’elle abandonna, elle se dirigea vers l’aviation.

Diplômée de radiotélégraphie, elle se perfectionna à l’aéroclub de Poznan où elle pratiqua le parachutisme. Elle y rencontra l’instructeur Mieczyslaw Lewandowski qu’elle épousa en juin 1939. La Pologne étant envahie par les Allemands en septembre, Janina a rejoint une base aérienne pour mener des missions pour la patrie.

Hélas elle fut capturée par l’armée soviétique et envoyée dans un camp, rejoignant des milliers de prisonniers polonais qui furent exterminés sur ordre de Staline dans la forêt de Katyn en Avril 1940.

Son corps retrouvé fut enterré avec les honneurs militaires dans le caveau familial en 2005.

Rappelons à cette occasion ce que fut le massacre de Katyn : En 1940, plus de 20.000 officiers et élites polonais, que Staline, selon l’odieux pacte germano-soviétique avait fait prisonniers, furent exécutés par les Russes dans la forêt de Katyn. Quand le charnier fut découvert, le gouvernement russe nia être l’auteur de ce massacre terrible, rejetant la culpabilité sur les nazis allemands, avant de reconnaître les faits des décennies plus tard.

A noter cependant que la Russie n’a jamais versé le moindre dédommagement à la Pologne pour ce massacre de ses milliers d’élites.

EMILIA PlATEROWA

Avec cette troisième héroïne, nous remontons dans le passé, puisqu’elle n’a pas vécu la dernière guerre, mais s’est illustrée au cours de l’insurrection polonaise contre les Russes de 1830. Cette toute jeune fille s’appelait Emilia PLATEROWA (1806-1831)

Emilia  était née dans une famille aristocratique de Lithuanie. La famille Plater était de souche prussienne, installée sur le territoire de Pologne-Lituanie depuis fort longtemps, y était parfaitement polonisée.

Très jeune, elle nourrissait des sentiments anti-tsaristes, formant un groupe d’une douzaine de femmes lituaniennes qui l’avaient jointe dans ce mouvement anti-russe. Lorsque les Polonais, sous l’égide du général Kosciuszko, prirent les armes contre l’occupant russe, Emilia Praterowa participa activement à l’insurrection polonaise de 1830,

Après avoir visité les villes de Varsovie et Cracovie, plus animée de sentiments patriotiques que jamais, elle commença ses combats venant en aide, depuis la Lituanie, aux insurgés polonais contre les forces russes, réussissant à composer une unité de soldats d’infanterie et de cavalerie, auxquels se joignirent des centaines de paysans. Elle rejoignit alors les troupes commandées par Karol Zaluski. L’un des principaux chefs de l’insurrection, le général Chlapowski, voyant son courage et sa détermination, la nomma capitaine du 25ème régiment.

Néanmoins, lorsque Chlapowski réalisa que l’insurrection était perdue, il donna l’ordre à tous les bataillons de cesser le combat, elle refusa d’obéir, tentant encore de combattre. Obligée au milieu du chaos, de continuer sa route à pied pour gagner Varsovie qu’elle voulait rallier, elle tomba de fatigue et mourut dans une maison forestière.

Si d’innombrables écrivains contèrent ses exploits, la faisant entrer dans la légende, c’est bien sûr le récit que lui a consacré le plus grand poète polonais, Adam Mickiewicz, qui impressionna le plus.

Il écrivit un émouvant poème la concernant appelé « la mort du Colonel » (Smierc Pulkownika » – à noter que Mickiewicz lui donne un grade supérieur au sien qui était capitaine),  décrivant ses derniers moments. Apprenant que le général Chlapowski avait dû battre en retraite, Emilia décida de partir vers Varsovie à pied. En chemin, elle s’arrêta dans une maison forestière et y mourut d’épuisement (selon d’autres versions, elle serait morte d’un arrêt cardiaque en apprenant l’échec de l’insurrection). Quoi qu’il en soit, c’est l’héroïne sur son lit de mort qu’évoquent les vers de Mickiewicz : Des paysans s’attroupèrent devant la maisonnette ; on leur a dit qu’un jeune officier s’y mourait. Lorsqu’ils virent le doux visage de la morte, ils réalisèrent que sous l’uniforme militaire, gisait une jeune fille. Ce poème a implanté l’image d’une jeune vierge – semblable à Jeanne d’Arc – même si, contrairement à Jeanne d’Arc- elle n’était pas elle-même humble paysanne de naissance (comtesse, elle était descendante de la puissante famille d’aristocrates Von Plater). Son mérite à s’engager dans la lutte n’en apparaissait que plus grand car elle avait tout à perdre.

Des écrits et des statues ont immortalisé cette vaillante jeune fille.

Et à l’exemple des Trois mousquetaires, qui furent quatre, pourquoi ne pas adjoindre à ces trois héroïnes une quatrième ? Qui, mieux que Marie Curie-Sklodowska pourrait représenter cette quatrième figure digne d’admiration ? Certes, elle n’a pas combattu les armes à la main quant à elle. Mais son implication, pendant la Première guerre mondiale, pour aider énergiquement les blessés, n’en est pas moins bien réelle : Elle n’a pas ménagé sa peine pour venir en aide aux poilus blessés, persuadée que les rayons X pouvaient les sauver. Mobilisant des voitures – appelées plus tard les « Petites Curie » – servant elle-même sur le front, formant des femmes d’urgence à la manipulation radiologique.

Quant à son action durant toute sa vie, au service de la science – son labeur, ses deux Prix Nobel –, chacun le connaît bien. Elle figure d’ailleurs sur ce site dans la rubrique « Les scientifiques polonais ».

Il y aurait sans doute bien d’autres femmes admirables par leur courage qui se sont distinguées, souvent anonymement, au cours de l’histoire tumultueuse de la Pologne. Célèbres ou anonymes, elles méritent toutes de ne pas sombrer dans l’oubli de l’histoire. Tirons-leur notre chapeau !

Hermine

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Mathias Morawski est mort

Mathias MORAWSKI, journaliste polonais, né à Poznan en 1929, bien connu des milieux polonais de Paris, s’est éteint le 6 juin 2021. Parmi de nombreuses fonctions, il fut délégué de l’Association d’Amitié Pologne-France.

M. Joël Broquet, administrateur du Fonds Humanitaire Polonais, a rendu hommage à ce personnage lors de son enterrement par les mots ci-dessous.

Prononcé aux obsèques de Mathias

« Mathias Morawski avait hérité de son père, le légendaire ambassadeur Kajetan Morawski auprès du gouvernement de la France Libre, un attachement fort à la relation franco polonaise et à une Europe pour reprendre son expression « cuisinée à la française »

Il avait été acteur de 4 guerres, avait vécu l’insurrection de Varsovie, puis la guerre froide, ensuite la libération de la Pologne et enfin la guerre qu’il menait jusqu’à son dernier jour pour la défense des valeurs d’une civilisation chrétienne qu’il jugeait très menacée.

Ces trois dernières guerres l’avaient rapproché de La Fédération – Mouvement Fédéraliste Français où ses qualités personnelles entraient en résonnance avec les attributs que l’imaginaire français prête aux Polonais : esprit chevaleresque ; esprit romanesque ; patriotisme si souvent privé d’enracinement dans une patrie libre politiquement ; C’est là chose bien difficile à comprendre pour un Français. Pour un Polonais en effet on emporte sa Patrie à la semelle de ses souliers

Il avait trop côtoyé le côté tragique de l’Histoire pour s’arrêter à ses péripéties et il franchissait  avec aisance des obstacles qui semblaient  pour d’autres insurmontables.

Ainsi avait été reçu chez son cousin Kazimir  ancien ministre du gouvernement communiste, le Prince Jean de France avant que la délégation qu’il conduisait  se rende le lendemain chez le cardinal Diwisz et n’aille ensuite rencontrer Lech Walesa puis Stefan Meller, ancien ambassadeur à Moscou. Un magnifique voyage orchestré par Mathias.

C’est lui aussi qui à l’époque ou Jan Tombinski était ambassadeur à Paris avait permis la constitution du Partenariat Eurafricain au siège de l’ambassade de Pologne. Ainsi encore l’Organisation Internationale de la Francophonie avait-elle accueilli la manifestation organisée à l’occasion de l’élévation de Mathias Morawski au grade de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres.

Mathias savait d’autant plus que l’Histoire était tragique que son épouse elle-même avait été persécutée ; mais malgré cette expérience, il continuait d’observer et d’analyser la comédie humaine  avec lucidité et indulgence. »

Joël BROQUET, Administrateur du Fonds Humanitaire Polonais

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