Chers internautes,
Regrettant trop souvent que la peinture polonaise soit si méconnue en France, je ne peux que me réjouir quand il m’est donné de découvrir qu’elle a été mise à l’honneur. De belle manière, et adaptée au modernisme.

Voici de quoi il s’agit : Depuis peu, si vous vous promenez dans le Marais, à l’arrière du Centre Pompidou, vous aurez la surprise de découvrir une œuvre de « Street-Art », ornant un mur à l’entrée de la rue Montmorency, juste avant la fameuse maison de Nicolas Flamel (cet alchimiste du Moye-Age qui cherchait, parait-il, le secret pour transformer le plomb en or).
Cette nouvelle peinture murale, signée Pboy (Paul Boyard), est une copie d’un célèbre tableau réalisé au dix-neuvième siècle par l’un des plus grands peintres polonais, Jan Matejko. Ce tableau s’appelle « le Stanczyk durant un bal à la cour de la reine Bona après la perte de Smoleńsk ». Il est rempli de symbole. Stanczyk est un bouffon, vivant à la Cour du roi de Pologne Zygmunt au seizième siècle, âge d’or de la Pologne.
Vous savez que Jan Matejko – qui a peint ce tableau à l’âge de vingt-quatre ans, fut le plus grand peintre historique de Pologne. C’est lui qui a créé l’imaginaire historique polonais. (ses principales œuvres telles « la bataille de Grunwald », « Kosciuszko prêtant serment », « le Rejtan », lui valurent un grand succès d’un bout à l’autre de l’Europe).
Ce tableau a eu un destin mouvementé : Il fut acquis par le musée national de Varsovie en 1924. Durant la Seconde guerre mondiale, les Allemands s’en sont emparé, puis il a été récupéré par les Russes. Enfin restitué à la Pologne en 1956, il est désormais au musée national de Varsovie.
Alors quelle est la symbolique de ce portrait ? En gros plan figure Stanczyk, le fou du roi, connu habituellement pour son esprit vif, il est plongé dans de sombres pensées. Sur la table est posée une lettre annonçant la perte de Smolensk, ville jusque là appartenant à la Pologne, qui vient de tomber aux mains du grand-duché de Moscou. Il est inquiet comme s’il préconisait de sombres évènements pour son pays. Derrière lui s’amusent les invités du bal à la Cour du roi, insouciants. Derrière la fenêtre on aperçoit le château du Wawel, ainsi qu’une étoile filante. Le Stanczyk, bouffon préoccupé, symbolise le destin dramatique qui attend la Pologne.
L’artiste moderne qui a peint, durant cet été 2020, ce tableau sur le mur parisien a-t-il voulu rendre cette même symbolique ? A noter qu’aux pieds du Stanczyk, il a rajouté quantité de billets de banque. Peut-être pour attirer l’attention sur la situation du monde actuel, lui aussi chaotique et inconscient comme aux temps du Stanczyk en Pologne.
Cet artiste moderne s’est déjà fait remarquer par d’autres fresques, reprenant des œuvres célèbres, comme « La République guidant le peuple » de Delacroix, rue d’Aubervilliers. Il y représente les personnages avec des gilets jaunes. Ses œuvres sont réalisées en grand format.
Voilà, chers lecteurs polonophiles, ce que je voulais vous signaler. Si vous voulez en savoir plus sur Matejko, ce peintre-patriote, vous pouvez aller voir la rubrique « Peinture polonaise » où les principaux peintres sont évoqués. Ou encore dans la rubrique « les jeudis culturels » – dans la partie « invités autour du maire de Cracovie » où les peintres polonais sont également présentés.
Et surtout, parlez-en autour de vous et allez voir le tableau du Stanczyk !
Hermine
