Archives mensuelles : novembre 2016

9ème mot doux d’Hermine – Chapeau bas, un génie !

« Chapeau bas, Messieurs, un génie ! » Il paraît que c’est l’exclamation d’admiration lancée par Schumann en extase après un concert du jeune Chopin à ses débuts à Paris.

Cependant, chers lecteurs, ce n’est pas à Chopin que je souhaite rendre hommage aujourd’hui, c’est à l’artiste polonais immense qui vient de quitter ce monde : Le cinéaste Andrzej Wajda.

 

J’ai déjà consacré des articles à Wajda sur ce site Pologneimmortelle, dans la rubrique « Grace à eux, la Pologne existe toujours » et « le cinéma polonais ». Je ne m’étendrai donc pas ici sur sa biographie et la présentation de ses œuvres (qui se sont toutes révélées des chefs-d’œuvre).

Je voulais aujourd’hui vous faire partager mon émotion à la nouvelle de la mort de cet artiste extraordinaire, qui, comme Chopin, comme Sienkiewicz, Wojtyla et tant d’autres, était à la fois infiniment polonais et infiniment universel. Comme personne, il a su faire revivre par ses films uniques les épisodes tragiques ou heureux de l’Histoire de la Pologne.

Je me souviens avoir pleuré en regardant « Katyn » bien sûr, ce massacre des milliers d’officiers polonais par le dictateur fou Staline. Katyn où son propre père avait été tué. Mais aussi avoir été émue par la douceur de son film élégiaque infiniment doux « Les demoiselles de Wilko », par le drame sous-jacent de « La terre promise » traitant de l’industrialisation, au 19ème siècle de Lodz où trois jeunes héros (interprétés par ses acteurs-fétiches Andrzej Severyn, Daniel Obrychski, Wojciech Psionak) perdent leur âme, j’ai été captivée par les états d’âmes des troupes polonaises dans l’armée napoléonienne à travers « Cendres », par l’atmosphère nostalgique de « Pan Tadeusz » inspiré du poème épique de Mickiewicz. J’ai été touchée par l’homme Walesa, dont Wajda a fait revivre les combats courageux par deux films remarquables « L’homme de fer » dans les années 80, et beaucoup plus récemment, « L’homme du peuple».

Si l’âme de la Pologne était sa principale source d’inspiration, il ne s’en est pas tenu qu’à son pays natal. Souvenons-nous de l’intensité de son film « Danton » où il a su si magistralement faire revivre les états d’âme des révolutionnaires français,

Wajda avait commencé à livrer son message à travers ses œuvres depuis les années après-guerre, avec des films réalistes comme « Kanal » ou « Pokolenie ». Qu’il ait évoqué des épisodes lointains ou récents du passé de la Pologne, ou des évènements de l’actualité, on ne pouvait qu’admirer sa finesse, sa justesse.

 

A chacune de ses interviews que j’ai pu voir, ce qui me frappait c’était son naturel. Tout ce qu’il réalisait semblait couler de source, tout devenait profondément humain.

Rien de tordu chez Wajda, pas de ces concessions montrées par trop d’artistes pour suivre les modes, rien de commercial, rien de trivial. Il était lui-même, c’était tout et c’était inestimable.

La Pologne lui doit beaucoup. Comme ces artistes et écrivains polonais qui ont rendu la Pologne éternelle, il contribuera, par ses excellents films, à perpétuer dans l’esprit des nouvelles générations l’identité et l’esprit universel de son pays. Aussi, chers lecteurs, n’hésitez pas à offrir en cadeau les DVD de ces films.

Quant à son dernier film, voici les renseignements que j’ai reçus à son sujet :

Sortie le 22 février prochain du dernier film d’Andrzej Wajda, Les Fleurs bleues (Powidoki)qui retrace le parcours du peintre Władysław Strzemiński, persécuté par les autorités communistes dans la Pologne d’après-guerre.

(distribution KMBO, société de distribution de films d’art et d’essai. Paris.).

 

Synopsis

Dans la Pologne d’après-guerre, le célèbre peintre Władysław Strzemiński, figure majeure de l’avant-garde, enseigne à l’École Nationale des Beaux Arts de Łódź. Il est considéré par ses étudiants comme le grand maître de la peinture moderne mais les autorités communistes ne partagent pas cet avis. Car, contrairement à la plupart des autres artistes, Strzemiński ne veut pas se conformer aux exigences du Parti et notamment à l’esthétique du « réalisme socialiste ». Expulsé de l’université, rayé du syndicat des artistes, il subit, malgré le soutien de ses étudiants, l’acharnement des autorités qui veulent le faire disparaître et détruire toutes ses œuvres.

Note du réalisateur Andrzej Wajda sur ce dernier film :

« Je voulais filmer l’histoire d’un artiste, celle d’un peintre, depuis très longtemps. J‘ai décidé d’adapter au cinéma l’histoire de Władysław Strzemiński, l’un des artistes polonais les plus accomplis. Je voulais également montrer son conflit avec l’État socialiste. Strzemiński a beaucoup travaillé sur l’art moderne et a exposé sa pensée dans le livre intitulé Théorie de la Vision. Ses fortes convictions artistiques et notamment celles concernant l’art abstrait, lui ont donné la force de résister aux autorités communistes. Afterimage est le portrait d’un homme intègre – un homme confiant dans ses choix ; un homme dont la vie a été dédiée à un pan de l’art exigeant. C’était un enseignant exceptionnel et l’un des fondateurs du Musée d’Art Moderne de Łódź en 1934, le musée ayant la deuxième plus grande collection d’œuvres au monde. Le film dépeint quatre dures années de 1949 à 1952, lorsque la soviétisation de la Pologne a pris sa forme la plus radicale et que le réalisme socialiste est devenu la forme artistique obligatoire »

Que de films et de succès ! Chapeau bas, monsieur Wajda ! Vous resterez inoubliable.

hermine

HERMINE

 

UN SCULPTEUR EXCEPTIONNEL AU NOM POLONAIS : Paul LANDOWSKI

 

Chers lecteurs, savez-vous quel sculpteur de talent est l’auteur du fameux Christ Rédempteur, mondialement connu, qui étend ses bras au-dessus de Rio de Janeiro au Brésil, d’une hauteur de 30 m ?

Savez-vous qui a sculpté cette imposante statue de Sainte-Geneviève sur le Pont de la Tournelle à Paris ?

Dans les deux cas, c’est un sculpteur franco-polonais, nommé Paul Landowski.

Fils d’un émigré polonais installé à Paris, Paul Landowski va réaliser un très grand nombre de sculptures fameuses…, et pourtant, paradoxalement, son nom est maintenant quasi-inconnu !

Né en 1875, il montre très tôt un grand talent d’artiste. En 1900, il remporte le Prix de Rome avec sa sculpture « David combattant Goliath ». A son retour de la Villa Médicis, en 1906, il s’installe à Boulogne-Billancourt, bientôt suivi d’un groupe d’artistes et de mécènes. Il accède à la célébrité dès 1909 en réalisant une sculpture qui sera installée sous la coupole du Panthéon à Paris « Aux artistes dont le nom s’est perdu ».

Il devient membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1926, et sera nommé directeur de l’Académie de France à Rome, de 1933 à 1937.

Il a réalisé, dans un style néoclassique, plus de 80 Monuments aux Morts dont « les Fantômes », sur la butte de Chalmont dans l’Aisne.

Paris est jalonné des sculptures par lui réalisées que le passant admire sans savoir qui en est l’auteur :

Outre la haute silhouette de Sainte-Geneviève patronne de Paris, il a laissé dans la capitale :

  • la statue équestre en bronze d’Edouard VII, réalisé en 1913.
  • La statue de Montaigne, square Painlevé, devant la Sorbonne, réalisée en 1934.
  • Les fils de Caïn (bronze, Jardin des Tuileries, Paris, 1906),
  • Monument aux artistes inconnus au Panthéon.

Monument aux Internes de l’Hôtel-Dieu de Paris.
Quelques-unes de ses autres statues les plus célèbres :
– David combattant Goliath (Plâtre patiné, Musée des Années 30, Boulogne-Billancourt, 1900),
– L’hymne à l’aurore (plâtre patiné, Musée des Années 30, Boulogne-Billancourt, 1908),

Monument international de la Réformation à Genève, érigé en 1909.

Le monument de la Victoire à Casablanca

Le Pavois à Alger.

Le Temple de l’Homme, en 1925.

Le tombeau du Maréchal Foch.
Son inspiration a été marquée par la philosophie humaniste d’Henri Barbusse. Il a suivi les cours du portraitiste Jules Lefebvre et devient un expert en anatomie en suivant les dissections de l’Ecole de Médecine. Durant la première guerre mondiale, ayant participé à la bataille de la Somme, il reçoit la Croix de Guerre. Il considère désormais la sculpture comme un instrument civilisateur. Il a utilisé toutes sortes de matières, bronze, plâtre, marbre, granit.

Landowski devint le sculpteur officiel de la IIIème République. Il est l’auteur du monument aux morts du Trocadéro, au cimetière du Père-Lachaise..

 

Son fils, Marcel Landowski, (1915-1999) brillera dans un autre Art : La musique. Compositeur de talent, il réformera l’enseignement musical en France.

 

Si je tenais, chers lecteurs, à vous parler de Paul LANDOWSKI, c’est qu’il fait partie de ces innombrables descendants d’immigrés polonais et qu’une initiative pour mettre davantage en lumière ces immigrants polonais et leurs descendants a retenu toute mon attention.

 

  1. Edouard PAPALSKI, sympathique représentant de la POLONIA du NORD-PAS-de-CALAIS envisage en effet de lancer et d’organiser une grande commomération, à l’échelon national, en 2019, pour fêter le centenaire du début de l’immigration de masse des Polonais en France – que l’on a un peu trop oubliés. Leur extrême discrétion ne doit pas faire oublier à quel point ils ont donné leur sueur et leur talent à ce pays d’accueil qu’ils aimaient.

 

Mais je vous reparlerai sans doute plus en détails du projet de M. Edouard Papalski…

En attendant, si vous en avez l’occasion, promenez-vous dans les différents quartiers de Paris, en y découvrant les œuvres immortelles de Paul LANDOWSKI.

 

Hermine.

Catégories : 9 - Les mots doux d'Hermine | 2 Commentaires

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