CRACOVIE : sous le soleil ou sous la neige ?

Nous y voilà, c’était inévitable. Pourrait-on parler de tourisme en Pologne sans s’arrêter complaisamment dans la cité royale, berceau de la Pologne, dépositaire de ses traditions, de ses légendes, de ses siècles d’histoire ? Je veux parler de  Cracovie bien sûr, lieu incontournable de la Culture polonaise  (inscrit sur le premier inventaire du Patrimoine mondial de l’UNESCO).
Mais pour ceux qui se demanderaient en quelle saison Cracovie est la plus attrayante, ce petit exposé, illustré par quelques photos , est à leur intention.

J’ai eu l’occasion il y a deux ans de me rendre à Cracovie en février puis en juillet. Deux aspects de la ville dont je vais essayer de vous donner un aperçu si vous le voulez bien.

CRACOVIE SAUPOUDREE DE NEIGE
A notre arrivée à Cracovie en cette froide mais claire matinée de février,  le ciel était bleu, le soleil brillait au-dessus du cœur de la ville. C’est sur la vaste place du Rynek que la découverte de Cracovie commence. La Halle aux Draps (Sukiennice), bel exemple d’édifice  Renaissance,  resplendit de son ton crème, entourée de calèches et jouxtée par l’église gothique Notre-Dame.

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Au moment de grimper dans une calèche blanche qui nous semble la plus pimpante, tirée par deux chevaux blancs également, (nous avons le choix, les touristes étant peu nombreux à ce moment),  retentit soudain au-dessus de la cité un étrange air de trompette ; c’est le hejnal, venu de la nuit des temps. Du Moyen-Age exactement, rappelant le moment où les Tatars, venus de Mongolie, envahirent la ville ; la vigie, en haut de la Tour Notre-Dame, se mit à sonner l’alerte avec sa trompette. Il fut transpercé par une flèche tatare ; Depuis, à chaque heure, un garde grimpe tout en haut de la tour, il joue à la trompette ces quelques notes qui brusquement s’interrompent, comme si une flèche venait de le toucher à son tour.

Notre Dame

Par cette tradition du hejnal, tout le centre de Cracovie revit donc chaque jour et chaque heure ce moment historique lointain. D’autres traditions, liées à l’Histoire vraie ou à des légendes tenaces  perdurent et font partie intégrante de la vie actuelle…

Il y a très très longtemps le roi appelé Krakus – de la tribu slave des Vislanes –  régnait sur cette cité, avec sa fille bien-aimée, Wanda. Mais un dragon, au bord de la Vistule, amateur de chair fraîche, décimait la population ; jusqu’à ce qu’un petit cordonnier courageux vienne à bout du monstre, en lui faisant ingurgiter du soufre qui lui provoqua une immense soif. Le dragon se mit à boire tant d’eau de la Vistule qu’il éclata.
Des dragons donc, vous en verrez partout, en peluches dans les boutiques ou bien sur deux pattes se promenant sur la place du Rynek  ou bien plus sérieusement en statue de bronze crachant le feu en bordure de la Vistule, à l’entrée de la grotte sous la forteresse du Wawel. Cette sculpture rappelle que la grotte à réellement été habitée aux temps préhistoriques, si ce n’est par un dragon, au moins par de nombreux animaux et sans doute par des êtres humains.

Sur le Rynek

Le dragon de Cracovie

Autant le dire tout de suite, à Cracovie, il n’est pas toujours facile de distinguer l’imaginaire légendaire des évènements historiques . Il est par ailleurs difficile parfois de démêler les personnages morts des vivants, tant les uns et les autres semblent ancrés dans le quotidien.
Le roi Krak et sa fille Wanda ont, par exemple, réellement existé : l’un des premiers historiens de la Pologne, Jan Dlugosz a noté que deux collines artificielles jouxtant la cité renfermeraient les restes de Krak et sa fille. Ces énigmatiques collines artificielles (appelées Kopiec) édifiées en l’honneur de personnages historiques sont une particularité de Cracovie. Ainsi, un autre kopiec plus récent que le kopiec de Krakus s’élève en l’honneur du général Kosciuszko, héros de l’indépendance au 18ème siècle qui s’était illustré en se battant comme un lion pour tenter d’éviter le dépeçage de la Pologne décidé par Catherine II de Russie qui raya le pays de la carte pour plus d’un siècle. La colline, d’une hauteur de 34 m, a été érigée avec la terre promenant des champs de bataille où  Kosciusko s’est illustré (y compris aux Etats-Unis). Plus récent encore, un autre tertre a été érigé en l’honneur du maréchal Pilsudski qui avait accompli l’exploit de vaincre l’Armée Rouge qui menaçait Varsovie une nouvelle fois, en 1920, alors que la Pologne venait tout juste de renaître.

Notre splendide attelage, empruntant des rues pavées bordées de façades médiévales ou  Renaissance, (la voie Royale) longe d’innombrables églises ( St-Florian, Ste-Anne, St-Pierre et Paul,  St-André, Ste-Catherine, Sainte-Barbara,  Cloître des Bernardins, des Franciscains, etc…),  pour nous  amener de la grand-Place du Rynek à la forteresse du Wawel.

Le Wawel est un endroit sacré s’il en est .  C’est bien plus qu’un château majestueux ;  la cathédrale qui en fait partie contient les tombes de presque tous les rois de Pologne auprès desquels reposent les plus grands écrivains et héros polonais. Ainsi le poète-patriote romantique Adam Mickiewicz, mort en France et initialement enterré à Montmorency, a été solennellement transféré au Wawel, rejoignant ainsi ceux dont la vie et le talent  ont été principalement consacrés à leur patrie.

Une cathédrale, à l’intérieur de marbre noir, a été érigée pour contenir les sarcophages des rois , auquel s’ajoute celui du personnage majeur du Wawel : l’évêque Stanislas qui fut assassiné, vers l’an 1000, à la suite d’un conflit avec l’un des rois et qui devint, après Saint-Wojciech, le Saint patron de la Pologne. (A noter – abondance de biens ne nuit pas – que Cracovie a en plus pour patron Saint Florian, dont les reliques sont conservées en l’église portant son nom).

Au-dessus de la porte massive, sont suspendus des os d’animaux préhistoriques possédant, dit-on,  des pouvoirs magiques. Cette cathédrale renferme de nombreuses œuvres d’art ; le mausolée de Saint-Stanislas, au décor baroque, est décoré de scènes en relief relatant sa vie. Son cercueil, en argent, est surmonté d’un baldaquin richement orné.

Les visiteurs peuvent monter à la Tour Sigismond pour voir la cloche surnommée Zygmunt, datant de 1520 ; cette cloche, actionnée pour retentir lors des grandes fêtes, mesure 2 m de haut et pèse 11 tonnes. La visite des appartements royaux du château permettent d’admirer de nombreuses tapisseries anciennes.

Le Wavel

La Coupole

C’est presque un miracle que la plupart des trésors du Wawel aient pu être épargnés et conservés en dépit de l’acharnement des nazis qui l’occupaient durant la dernière guerre et qui souhaitaient voir disparaître les traces de l’histoire de la Pologne. Grâce au courage des conservateurs et employés du Wawel, nombre d’objets précieux purent être camouflés  et sauvés.

Heureusement, rappelons-le, la ville de Cracovie ne subit pas le même sort que Varsovie : elle ne fut pas détruite. Tout ici témoigne que Cracovie a été pendant des siècles la capitale. Après une brève période transitoire, au Xème siècle, où Gniezno et Poznan, villes de l’ouest de la Pologne, furent  les premières capitales de la nouvelle nation créée par le chef des Polanes, Mieszko et son fils Boleslaw, (premier roi officiel de Pologne), ce fut rapidement Cracovie qui fut choisie pour devenir la capitale de ce nouvel état. Et cela coïncida avec l’âge d’or de la Pologne, siècles du Moyen-Age et de la Renaissance, durant laquelle la Pologne devint, par sa superficie, le plus grand pays de l’Europe au moment de l’apogée du royaume de Pologne-Lituanie.

La superficie n’est pas tout. La Pologne, grâce particulièrement au rayonnement de Cracovie, fut aussi un état prospère  à la culture brillante.

(C’est au-début du 17ème siècle que Varsovie fut jugé mieux placé géographiquement pour devenir la nouvelle capitale : le royaume d’alors s’étendant également sur la Lituanie, Cracovie – à l’extrême-Sud du territoire – se révélait plutôt excentrée).

Mais malgré ce transfert, les traces de son passé royal n’ont pas quitté Cracovie.
Le prestige de Cracovie, c’est aussi son Université Jagiellon avec les personnages qui l’ont fréquentée ; comme l’astronome Kopernik en 1497-1498 et, plus récemment, un certain Karol Wojtyla qui arriva, en compagnie de son vieux père, à Cracovie pour étudier la littérature, sans savoir qu’il serait un jour évêque et archevêque de cette grande ville, avant de devenir le populaire  pape Jean-Paul II.
Le Collegium Maius constitue le plus ancien bâtiment de cette Université, exemple d’architecture gothique, construit en 1400. Dans la majestueuse cour à arcades, à midi, se mettent en marche un groupe d’automates, apparus à l’un des balcons, qui défilent en musique sous nos yeux ébahis.

Collegium Maius

Outre Kopernik et Jean-Paul II, il y eut bien d’autres étudiants célèbres à l’Université Jagiellon. Cracovie était à cette époque une ville très internationale qui recevait des étudiants de toute l’Europe.

En fait, Cracovie semble ne jamais se lasser de produire, depuis le Moyen-Age jusqu’à notre époque,  des intellectuels dont la renommée dépasse largement les frontières de la Pologne . Le phénomène se perpétua pendant les périodes troubles du 19ème siècle où la Pologne – partagée entre la Prusse, la Russie et l’Autriche – était rayée de la carte. Cracovie avec sa région du sud, la Galicie, dévolue à l’Autriche, souffrit moins que les autres régions de l’occupation étrangère. Elle parvint même à garder une certaine liberté qui lui permit de perpétuer la Culture polonaise et cela continua durant l’époque communiste récente :

Aux écrivains du 19ème siècle Wyspianski, Norwid, Zeromski, au peintre Matejko qui se spécialisa dans  les scènes historiques et dont le nom est inséparable de Cracovie, vinrent succéder au 20ème siècle, des célébrités comme l’auteur de théâtre Kantor, le célèbre  cinéaste Andrzej Wajda qui y a élu domicile, l’écrivain de science-fiction Stanislas Lem (auteur de « Solaris »), la poétesse Wislawa Szymborska, lauréate du Prix Nobel de littérature. On ne peut tous les citer, qu’ils me pardonnent.

Cependant, il y eut aussi parmi les célébrités cracoviennes un personnage énigmatique : l’alchimiste Twardowski dont l’ombre continue de planer sur la cité. Pan  Twardowski fut, au Moyen-Age, un magicien et astrologue de première renommée ; En contrepartie d’une vie sociale et matérielle aisée, il  vendit son âme au diable ; cependant, il était si rusé qu’il déjoua le plan de Satan venu finalement pour l’emmener en enfer ; on dit qu’il réussit à se dégager des griffes du Malin et resta accroché dans l’espace entre la lune et la terre, avec laquelle il reste en contact par un réseau de très dévouées araignées…(Soignez vigilants pendant votre séjour, il pourrait bien vous jouer quelque tour de sa composition).

Une toute jeune fille passe sur la place, provoquant les sourires des badauds ; elle promène en laisse une ravissante hermine trottinant sur ses pas. La scène ne manque pas de nous ébahir quand on vient de voir, à l’intérieur du musée Czartoryski, le tableau de Léonard de Vinci : « La dame à l’Hermine ». Ce musée, légué par la riche famille du prince Czartoryski, abrite également un autre tableau célèbre : « le paysage au bon Samaritain » de Rembrandt. Bien que les œuvres dérobées par les nazis soient loin d’avoir toutes été restituées, le musée n’en est pas moins fort intéressant. On y trouve maints objets, armures, tapis, ouvrages divers relatifs au passé de la Pologne.

Nous prenons le repas de midi dans le plus ancien des restaurants de Cracovie, le « Wierzynek », idéalement situé sur la place du Rynek et datant lui aussi du Moyen-Age : Le bon roi Casimir-le-Grand y dînait avec ses invités couronnés.  On ne compte plus depuis les invités de marque qui s’y arrêtèrent. Car c’est un must d’y prendre un repas ; le décor de fresques nous ramène aux temps anciens, tandis que devant les fenêtres, les calèches passent et repassent.
Outre le Wierzynek, le centre de la ville regorge de tavernes, souvent dans les nombreuses caves voûtées médiévales ;  les bars déploient une imagination très diversifiée : Ici on trouve des moines du style « au nom de la Rose », là des dais au-dessus des tables rappelant la période aristocratique, ailleurs des enseignes évoquant l’époque de l’Empereur François-Joseph, ailleurs un décor de ferme,  etc… Les inspirations sont les plus inattendues.

Le Wierzynek

Vers la fin de la journée, nous continuons la découverte de la ville par le pont enjambant la Vistule et nous nous retrouvons dans le quartier Kazimierz, ancien quartier juif depuis le Moyen-Age. Ce n’est pas un hasard si ce quartier porte le nom d’un des plus illustres rois de la Pologne du14ème siècle, le roi Casimir-le-Grand. En effet, ce roi intelligent et dynamique à qui tout le pays doit de très nombreuses constructions car il avait déclaré « qu’il avait trouvé la Pologne construite en bois et la quitterait à sa mort  construite en pierre », était aussi un homme très tolérant. Il avait accueilli à bras ouverts de très nombreux Juifs brimés et expulsés des pays d’Europe occidentale ; peut-être avait-il pressenti que cet apport multiculturel allait contribuer à un magnifique essor économique du pays. C’est ainsi qu’il reste encore aujourd’hui plusieurs synagogues dans le quartier de Kazimierz, témoignant de l’intensité de la présence et de la culture juive à Cracovie et dans toute la Pologne pendant de nombreux siècles jusqu’aux douloureux évènements du 20ème siècle.
L’éminent rabbin Remuh, mort en 1572, n’avait-il pas surnommé Cracovie et toute la Pologne « le Paradis des Juifs » ?

Lorsque nous revenons de Kazimierz où nous nous sommes réchauffés dans un bar de la petite place centrale bordée de synagogues, il fait déjà nuit, le froid est devenu très vif, un vent quasi-sibérien nous fouette le visage. Nous atteignons à grand peine la centre de la cité ; et là, il se met à neiger à gros flocons. C’est particulièrement au réveil le lendemain matin que le décor nous ravit. Nous sommes logés à l’hôtel « Pod Bialem Orlem » (A l’Aigle blanc). Nos fenêtres donnent sur les monuments les plus anciens de Cracovie, la Porte Florianska et le curieux Barbacane, ouvrage de défense du Moyen-Age, agrémenté de 7 tourelles et 130 meurtrières  ; recouverts de poudre blanche, ces vestiges sont inoubliables, tout comme la Halle aux Draps.

Le Barbacane

La visite du matin est consacrée aux célèbres Mines de sel de Wieliczka, classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Je vous recommande  chaudement cette visite. Il est en outre très facile d’y aller ; des mini-bus partent environ toutes les demi-heures de Cracovie et le trajet ne dure qu’un quart d’heure. Descendus dans les entrailles de la mine, nous découvrons un monde magique, façonné par les générations de mineurs qui ont érigé des statues diverses en sel blanc. Le point fort est la chapelle de la Bienheureuse Kinga, érigée de 1895 à 1927 ; on y trouve également un lac souterrain.

La mine de Wieliczka

Le jour suivant a lieu notre excursion vers un autre lieu à ne pas manquer : la station montagnarde de Zakopane à une centaine de kilomètres au sud de Cracovie.

A mon humble avis, Cracovie est inséparable des paysages qui l’entourent tels un écrin charmant. Au Nord, le Jura Cracovien, collines menant jusqu’à Czestochowa, le haut-lieu de pèlerinage, parsemées de ruines pittoresques (les « nids d’Aigles » d’Ojcow, Ogrodzieniec).

Et au Sud la beauté exceptionnelle des hautes montagnes, la chaîne des Tatras, avec, pour point d’orgue, la station de Zakopane. Là vivent les montagnards, appelés « gorals » ; ces derniers ont leurs propres traditions, leurs danse, leur folklore. Les hommes, souvent habiles violonistes et danseurs, portent un pantalon en peau de mouton brodé. Les femmes, vêtues de châles et jupes colorées, sont omniprésentes sur la place du marché, où beaucoup vendent leurs fromages de brebis ou des produits artisanaux et des peaux de chèvres et de moutons.

Jean-Paul II, né au pied de ces montagnes, dans la petite ville de Wadowice, n’avait jamais oublié cette région où il avait fait tant de randonnées et skié dans sa jeunesse. C’est peut-être de ce climat montagnard qu’il avait gardé la force physique et mentale qui le caractérisait.

Dans le bus qui nous emmène pour la journée, de nombreux Cracoviens sont munis de skis. La neige ne manque pas sur les sommets autour de Zakopane et les promenades en traineaux d’un refuge à l’autre sont un must. Ce qui n’empêche pas le cocher de la calèche qui nous fait faire le tour de Zakopane, de récriminer contre l’insuffisance de neige épaisse sur la station « Mais où sont les neiges d’antan ? »

Goral à Zakopane

Malgré l’atmosphère de joyeuse insouciance que dégage cette charmante station de ski hors du temps, Zakopane a joué son rôle dans l’histoire tumultueuse du pays. Devenue dès le 18ème siècle un lieu réputé de villégiature, puis de cure thermale, elle ne cessa de prendre de l’importance. Ainsi au 19ème siècle, nombre d’intellectuels et d’artistes venus de tout le pays se réunissaient dans ce lieu. Dans ses accueillants bars aux murs de bois, des musiciens comme Karol Szymanowski, des écrivains comme Gombrowicz ou Witkiewicz discutaient sur les évènements douloureux du reste de la Pologne et échafaudaient des plans pour que la Pologne recouvre l’indépendance.

Zakopane a été marquée par deux membres de la famille Witkiewicz : Le fils, connu sous le nom de Witkacy, écrivain et homme de théâtre de talent, habitué de ces cercles intellectuels, se suicida en 1939 lorsqu’il apprit que les Russes venaient de s’allier aux Allemands pour envahir eux aussi la Pologne.

Son père, artiste célèbre, a créé, au début du 20ème siècle, cette architecture typique que l’on continue d’appeler « le style de Zakopane », désignant ces grandes maisons aux toits très particuliers, omniprésentes dans toute la région.

Maison de Zakopane

… ET EN ETE !

C’est justement par la chaîne des Tatras que nous arriverons en Pologne, cette fois dans la chaleur de Juillet, avant de séjourner de nouveau à Cracovie.

Zakopane en plein été, c’est certes différent et pourtant Zakopane reste Zakopane, mélange de tradition immuable et de vie intense apportée par les touristes, aussi nombreux en été qu’en hiver.

Mais notre attraction particulière en juillet , ce fut  la descente des pittoresques gorges  du Dunajec en radeau. C’est une excursion classique, depuis le 18ème siècle,  pour les touristes séjournant à Cracovie. Le Dunajec coule au pied du massif des Pieniny, encadré par les Tatras et la chaîne des Beskides.
Les gorges du Dunajec constituent un tronçon spectaculaire de 8 km serpentant entre les parois abruptes atteignant jusqu’à 300 m. de hauteur. Les passages calmes et majestueux y alternent avec les rapides.

Le Dunajec

Après cette halte dans la fraîcheur montagnarde, nous voici de nouveau à Cracovie.
Cracovie dans la chaleur estivale, c’est assurément une ville du Sud, une ambiance quasi-latine.  On flemmarde sur les terrasses de la place du Rynek, on applaudit les musiciens et danseurs folkloriques, on se prélasse dans les calèches ; même les chevaux ont l’air de vouloir ralentir le pas.  Et sur la grand place du Rynek, le lajkonik n’en finit pas de se faire photographier. Le lajkonik est un genre de centaure typique de Cracovie. En effet, cette créature mi-homme, mi-cheval rappelle la fameuse invasion des Tatars du Moyen-Age, toujours rappelée par l’air du hejnal.  Vous remarquerez donc que le costume du lajkonik est un curieux mélange de médiéval polonais et de faste oriental.

Lajkonik

Si Cracovie a une allure latine, accentuée en période estivale, ce n’est pas par hasard. La cité a porté dès le 16ème siècle le surnom de la « Rome de l’est » (et ce n’est pas uniquement en raison de son nombre impressionnants d’églises). Les liens avec l’Italie, durant l’âge d’or de la Pologne, étaient très forts. A la fin du Moyen-AGE, Kopernik était allé terminer ses études à Bologne et Rome, tandis que le premier grand poète polonais Jan Kochanowski séjournait à Padoue. A cette même époque, le roi Sigismond épousa Bona Sforza qui apporta d’Italie des éléments de culture latine et des habitudes culinaires nouvelles.
Quant aux architectes Italiens, ils furent nombreux à être invités et à exercer leur talent pour l’esthétique de la cité, et notamment sur la place du Rynek. Ils étaient présents également dans la construction des principales églises. L’église jésuite Saints-Pierre et Paul, par exemple, construite par l’architecte Giovanni Batista Trevano, est une réplique de l’église du Gesu de Rome.

On profite de la fraicheur de l’intérieur de l’imposante église Notre-Dame (Kosciol Mariacki) pour contempler l’immense tryptique sculpté sur bois, orné d’or, que l’on doit à WitStworz au XIVème siècle. Ce chef d’œuvre gothique en 5 panneaux a été sculpté en bois de tilleul. De l’extérieur, l’église a fière allure avec ses deux flèches dont l’une est entourée de tourelles ; l’autre est dotée d’une couronnée dorée, avec au sommet une boule d’or censée contenir l’histoire écrite de la ville.

Vous vous dites peut-être, un peu désabusés, que vous avez déjà visité des villes encore plus exceptionnellement belles, en ayant à l’esprit Venise, Rome et Paris ? C’est possible ; mais connaissez-vous d’autres villes transcendées chaque heure par un air de trompette immortalisant les lointains évènements qu’elle a vécus ?

Alors Cracovie l’été, alanguie sous le soleil, ou Cracovie l’hiver, saupoudrée de neige ?
Peu importe la saison en définitive ;  lorsque le hejnal retentira, la magie recouvrira le centre de Cracovie, et, enchantés par cet air de trompette si lointain, les morts et les vivants se mêleront dans un joyeux tourbillon, les Tatars sur leurs chevaux apparaitront, (à moins que ce ne soit des lajkoniks, vous ne saurez plus très bien),  les rois dans leurs sarcophages du Wawel vous sembleront aussi vivants que les joyeux étudiants attablés dans les tavernes, parmi lesquels vous croirez reconnaître le front pensif de Kopernik, les yeux rusés de Twardowski et le sourire bienveillant de Karol Wojtyla.
Comme l’ont dit des écrivains, Cracovie c’est un gigantesque théâtre où tout pourtant est authentique.
Vous pouvez choisir aussi de vous y rendre lors de la fête nationale, le 3 mai (où la Pologne commémore sa première Constitution). Il paraît que l’ambiance dans les rues reflète une communicative joie de vivre, tous les habitants chantant et célébrant le passé dans la liesse générale.
Si vous préférez le début décembre, par exemple, le concours de crèches vous ravira.

Car Cracovie, c’est tout cela… et bien davantage.

Je laisse le mot de la fin à l’un de ses plus illustres fils, le pape Jean-Paul II, lequel, appelé à Rome, prit congé de Cracovie par cette phrase :

« Zegnam Krakow ! Zycze mu nowej mlodosci. Zycze, aby zostal dla Polakow i Europy i Swiata, tym wspanialym swiadkiem dziejow Narodu i Kosciola, jakim jest. »
 
« Je fais mes adieux à Cracovie ! Je lui souhaite une nouvelle jeunesse. Je souhaite que la ville de Cracovie reste pour les Polonais et pour l’Europe et pour le monde, ce témoin formidable des évènements de la Nation et de l’Eglise. »

HERMINE

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