9 – Les mots doux d’Hermine

13ème mot doux d’Hermine. Nietzsche louant la polonitude. Proust et Rostand exaltant Chopin.

Chers internautes, saviez-vous que l’illustre philosophe allemand Friedrich NIETZSCHE s’inventait des origines polonaises ? Le fait est confirmé par plusieurs lettres par lui écrites dans lesquelles il déclare qu’il est persuadé d’avoir des ancêtres polonais… aristocrates naturellement. Et il insiste sur cette idée.

La preuve, écrivait-il, c’est que lorsqu’il se promenait dans les rues de Turin, les Italiens le prenaient pour un Polonais. L’autre preuve, c’est qu’il se sentait depuis toujours un trublion, un rebelle, tel ces « Sarmates » tenant tête à chacun pour imposer leurs convictions, ceux-là même qui avaient inventé le « Liberum veto », ce règlement institué par et en faveur des aristocrates, principalement de ces puissantes familles de magnats. Ce « Liberum veto » prévoyait que tout noble qui s’opposait à une loi, avait le pouvoir, même s’il en était le seul opposant, d’empêcher cette loi de s’appliquer. Nombreux furent ceux qui critiquèrent avec force cette mesure, la rendant responsable en grande partie des malheurs de la Pologne, accusant ces nobles trop puissants, au 18ème siècle, d’avoir rendu le pays ingérable, en dépit des efforts du roi Poniatowski, au point que la Pologne allait être rayée de la carte. Nietzsche ne l’entendait pas de cette oreille et, selon ses écrits, il apparaît comme un admirateur de ces aristocrates.

 

Il exprime à maintes reprises son admiration pour les Slaves, et particulièrement pour les Polonais et leur indépendance d’esprit, qu’il oppose à la discipline des Germaniques, et il va jusqu’à louer Chopin pour avoir débarrassé la musique de sa rigueur allemande.

Aussi, on peut se demander si les nazis savaient lire, eux qui avaient fait des préceptes philosophiques de Nietzsche leur porte-drapeau, ne doutant pas que son « Ubermensch » ne pouvait être qu’allemand. En réalité, le « Surhomme » de Nietzsche, d’après les mots même du philosophe, ne pouvait être que slave.

Bien, n’accordons pas trop d’importance à Nietzche, malgré l’idolâtrie dont il paraît être l’objet de la part de certains intellectuels à notre époque. Rappelons qu’il a fini dans un asile d’aliénés. Il avait en effet sombré dans la folie durant les dix dernières années de sa vie. C’était à n’en pas douter un esprit torturé, voué à l’autodestruction. Il se plaisait à provoquer, à détruire. Sa pensée la plus connue n’est-elle pas « Dieu est mort » ?

Il faut cependant reconnaître que s’il avait un point commun avec certains Polonais connus, c’est bien cette manie d’ironie destructrice, (que l’on trouve par exemple en abondance dans les écrits provocateurs de Gombrowicz).

Chers lecteurs, je trouve pour ma part ce nihilisme lassant et je préfère de beaucoup ceux qui ont construit et veillé à préserver l’âme de la Pologne en toute positivité, comme l’ont fait beaucoup de grands esprits polonais, tels les excellents écrivains Sienkiewicz, Zeromski et  Kraszewski et tant de merveilleux musiciens, dont Chopin et Paderewski.

 

Et puisque Nietzche évoquait Chopin, voilà un très beau poème écrit par le grand Marcel Proust en hommage à celui qui reste pour l’éternité le chantre de l’âme polonaise.

Je vous invite, grâce à cet hommage, à faire un tour non pas du côté de chez Swann, mais du côté de Chopin.

 

POEME à CHOPIN

Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots
Qu’un vol de papillons sans se poser traverse
Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.
Rêve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce,
Toujours tu fais courir entre chaque douleur
L’oubli vertigineux et doux de ton caprice
Comme les papillons volent de fleur en fleur,
De ton chagrin alors ta joie est la complice :
L’ardeur du tourbillon accroit la soif des pleurs.
De la lune et des eaux pâle et doux camarade,
Prince du désespoir ou grand seigneur trahi,
Tu t’exaltes encore, plus beau d’être pali,
Du soleil inondant ta chambre de malade
Qui pleure a lui sourire et souffre de le voir…
Sourire du regret et des larmes de l’Espoir !

 

Marcel Proust (1896)

Et, plus beau encore, ce poème que Chopin – identifié à la Pologne – a inspiré à Edmond Rostand en 1905. Rostand est célèbre pour ses drames « Cyrano de Bergerac » et « L’Aiglon ». Ces vers consacrés à la polonitude sont particulièrement émouvants. 

LE CŒUR

Hoch ! La Pologne est asservie,

Le vent pleure dans le sapin,

Si nous sommes à Varsovie,

C’est pour y jouer du Chopin !

Et joignant au propos le geste,

Le lieutenant s’est déganté

Devant un piano, qui reste

Au fond d’un château dévasté.

Sa botte écrase la pédale,

Et, dans un rire prussien :

« Montrons, dit-il, que le Vandale

Est assez bon musicien ! »

Mais qu’est ceci ? Ce virtuose

Qui dompta tant de pianos

Sent se dérober quelque chose

Sous ses longs doigts couverts d’anneaux.

Quand parmi la demi-ténèbre

Il ose y toucher sans remords,

La Marche n’est pas plus funèbre

Que si personne n’était mort

L’air, dont il semble qu’on défalque

Toute l’angoisse et tout le deuil,

Est comme un pompeux catafalque

Qui ne contient pas de cercueil.

Malgré tout l’art d’un pianiste

Décoré de la Croix de Fer,

La Ballade n’est pas plus triste

Que si personne n’eût souffert.

Les sons ne frissonnent plus comme

De bleus volubilis mouillés

« Est-ce le piano? dit l’homme

Ou si mes doigts se sont rouilles ? »

Il frappe, il s’applique, il se penche,

Essaie un Scherzo… Le Scherzo

Chante à peu près comme la branche

Après le départ de l’oiseau.

Tu ne veux pas laisser. Musique,

Du Caprice ou de la Douleur,

Les secrets du divin physique

Tomber sous les mains d’un voleur !

Ces cordes veulent d’autres plectres,

Il faut des doigts aimés des dieux

Pour faire se lever les spectres

De ces tombeaux mélodieux !

Il a beau frapper, il n’extorque

Aucun regret mazovien,

Aucun souvenir de Majorque

Aux préludes mêmes ! – D’où vient

Que le Ciel quitte la Sonate ?

D’où vient que la Valse n’a plus

Dans son onde une blonde natte

Comme une algue dans un reflux ?

Il frappe, il s’escrime, il besogne,

D’où vient qu’il joue avec ennui

Des Polonaises sans Pologne

Après des Nocturnes sans nuit ?

Sous l’exécution exacte,

L’Allemand sent qu’il n’atteint pas

Je ne sais quoi qui se rétracte :

« Le cœur… » murmure-t-il tout bas.

« Je ne veux plus » dit-il, et blême

Il plaque des accords nerveux.

« D’un Génie absent de lui-même !

Je veux le cœur, je veux, je veux

George Sand… La place Vendôme… »

Mais tous les accords qu’il plaqua

Restent vains. « Je veux le fantôme

De la comtesse Potocka ! »

« Le cœur, répète-t-il avide,

Où donc est le cœur, maintenant ?

Cette musique est vide ! »

Et c’est alors que : « Lieutenant »,

Dit un cuirassier qui s’arrête

Fixe, et levant son gant crispin:

« Les Russes ont, dans leur retraite,

Emporté le cœur de Chopin. »

« Ils l’ont emporté, dans son urne !

De l’église Sainte-Croix ».

– « Et du Prélude ! et du Nocturne ! »

Hurle l’autre ; il frappe. Ah ! je crois

Voir là-bas, cependant qu’il frappe

Et crie encore : « Je veux l’avoir ! »

Je crois voir le cœur qui s’échappe,

Le cœur qui s’enfuit ; je crois voir

Un cavalier de la légende

Emporter le cœur au galop,

Le steppe est long ; la lune est grande

Et court derrière le bouleau.

Le cavalier va, ventre à terre,

Cachant l’urne qu’il enleva

Sous sa belle peau de panthère

Qui griffe le vent sombre, il va !

Couché sur son cheval d’Ukraine,

Il bondit en criant : « Le cœur !

Le cœur ! Le cœur ! » et dans la plaine

Ce fuyard a l’air d’un vainqueur !

Car il sait que ce qu’il emporte

Ce n’est plus, loin de l’Allemand

Qui n’étreint là-bas qu’une morte,

Le cœur de Chopin seulement.

Mais romanesque, romantique,

Brûlant, c’est le Cœur intégral

De la Grande Pologne, antique,

Qu’il emporte dans ce Saint Grâl !

Ce qu’il emporte, ô Varsovie,

C’est le cœur du cœur polonais,

Ombre par des Ombres suivie…

Qui lancent en l’air leurs bonnets.

Hourrah ! Ce cavalier galope

Pour sauver le cœur qui, souvent,

Du vieux cœur ingrat de l’Europe

Fut le chaud bouclier vivant !

II sait, dans la nuit transparente

Qu’il emporte le cœur – hourrah !

Plein du sang couleur amarante,

D’où l’Aigle blanche renaîtra.

Le cœur naïf, le cœur sublime,

Esprit de danse et de danger,

Le cœur martyr qu’un triple Crime

Déchira sans le partager.

Le somptueux cœur de la Race,

Qui dans cette Urne est rouge encore

Comme il était dans la cuirasse

Où s’encastrait la Vierge d’Or !

Il emporte, à travers les balles,

Aidé par l’ombre et le hallier,

Béni par les pierres tombales,

Il emporte, ce cavalier,

La bonté slave et sa souffrance,

La chanson triste et son écho,

L’amour d’un Empereur de France,

Les larmes de Kosciuszko !

Quelques fois, sur les routes grises,

Il rencontre, dans ces galops fous,

Les grosses cloches des Églises

Qui fuient en troupeaux : « Rangez-vous!

Sœurs de bronze du Cœur sonore,

C’est le cœur dans l’urne d’argent ! »

– « Ah ! qu’il aille plus vite encore ! »

Disent-elles en se rangeant !

« Lui sauvé, nos retours sont proches,

Il chantera ! Nous chanterons !

À bientôt, cœur ! »-« À bientôt, Cloches! »

Et, donnant des deux éperons,

Le fantôme équestre s’envole ;

Le vent le boit comme un duvet;

Le clair de lune l’auréole,

Il vole comme s’il avait

Ces deux grandes ailes étranges

Faites en plumes d’aigle, qui

Donnaient des allures d’archanges,

Aux guerriers de Sobieski !

Il traverse un fleuve à la nage,

En ressort en criant : « Le cœur ! »

Disparaît dans un creux sauvage,

Réapparaît sur une hauteur.

Et parfois, cabrant sa monture,

Comme un roi sur un piédestal

Se penche, écarte la fourrure,

Colle son oreille au métal,

Et dans l’urne que fait reluire

La lune, un instant, sous son bras,

Écoute avec un fier sourire,

Battre le Cœur qui ne meurt pas.

[17 Octobre 1915. écrit par Edmond ROSTAND]

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12ème mot doux d’Hermine – Appel d’Edouard PAPALSKI pour les Commémorations du centenaire de l’immigration massive des travailleurs polonais en France

Chers internautes de France et d’ailleurs,

Vous l’avez constaté en lisant les divers articles de ce site « Pologne Immortelle », ce blog a pour mission essentielle de mettre en lumière les personnages qui ont fait la gloire de la Pologne depuis des siècles, qu’ils soient rois, scientifiques, écrivains, poètes, musiciens, peintres, cinéastes, leaders patriotes, héros (ou pape !) trop oubliés ou méconnus en Occident.

Cependant, pouvons-nous oublier tous ceux qui, pour anonymes qu’ils aient pu être, ont représenté dignement la Pologne d’où ils provenaient ( Je veux parler bien sûr de ces innombrables travailleurs arrivés massivement en France entre les deux guerres) ? Certainement pas. Ces Polonais – dont je suis moi-même issue, comme beaucoup d’entre nous – ont apporté à la France toute une vie de courage, de labeur et de mérite.

Ces travailleurs avaient dû quitter la Pologne après la première guerre mondiale, pour des motifs économiques. Certes, la Pologne venait de retrouver son indépendance après plus d’un siècle de disparition. Mais les guerres et les occupations l’avaient rendue exsangue. La misère qui régnait particulièrement dans le monde rural avait contraint ces populations à partir vers l’étranger – comme le dit cette vieille chanson si émouvante « Goralu, czy ci nie zal » : « Dla chleba, panie, dla chleba ». (Pour gagner leur pain). Beaucoup sont devenus les mineurs du Nord et du Pas-de-Calais, travaillant dans les mines de charbon. D’autres, venus comme ouvriers agricoles, se sont installés dans les campagnes aux quatre coins de la France.

Presqu’aucun d’entre eux n’oubliaient leur coin de Pologne restée à jamais dans leur cœur, les traditions de là-bas se sont retransmises à leurs descendants.

Qui d’entre nous n’a pas dans sa mémoire telle tradition de Noël, tel plat polonais cuisiné avec amour par une grand’mère, telles magnifiques danses folkloriques, tels récits racontant avec émotion la vie d’un village ou d’une ville de Pologne ?

Les Français ayant des racines polonaises – plus ou moins lointaines – sont sans doute extrêmement nombreux, même si cela n’apparaît pas toujours, la particularité de cette immigration massive polonaise étant de maintenir une extrême discrétion jusqu’à aujourd’hui.

A présent, voici venu le moment de s’unir pour faire connaître autour de nous notre attachement à ces racines polonaises, à l’occasion du centenaire de l’arrivée massive de cette diaspora.

Tel est donc le but de ce message :

Edouard PAPALSKI, éminent et sympathique représentant de cette Polonia du Nord de la France, a lancé un projet enthousiaste afin que ce centenaire soit commémoré avec toute la lumière qu’elle mérite, afin de rendre hommage à ces ancêtres courageux.

Son appel (lien ci-après), qui a retenu toute mon attention et mon adhésion, saura certainement vous émouvoir :

Un siècle à fêter (Article de journal)

Appel d’Edouard Papalski

Avec lui, mobilisons-nous, parlons autour de nous de ce futur évènement.

Hermine

Edouard PAPALSKI m’envoie ce poème écrit spécialement pour l’évènement. Il est si émouvant que je vous invite à le lire ci-après :

NOS CHERS PARENTS… LES POLONAIS

Ils étaient dix, ils étaient cent, ils étaient des milliers
A quitter leur Pays, à s’expatrier.
Certains n’avaient pour ce voyage,
Qu’une vieille valise pour tout bagage.
Ils ont laissé leurs Parents et leurs Amis
Leurs Villages et leurs Montagnes.
Ils sont venus gagner leur Pain
A la seule force de leurs Mains.
Ils ont trimé, ils ont souffert,
Pour se sortir de leur Misère.
Dans leurs yeux bleus, plein de souffrances,
Brillaient la foi de l’espérance.
Leurs cheveux blonds, comme des blés mûrs,
Volaient au vent de l’aventure.
Avec leurs noms en SKY en TCHAK
On les appelait les POLAK.
Au fond de la Mine, ils sont partis
Leur destin était ainsi écrit.
Il fallait bien gagner sa croûte
Pour nourrir les siens, sans aucun doute.
Et plus tard quand vint la guerre,
Comme beaucoup d’autres ils s’en allèrent.
Combien sont Morts dans la Fosse,
Ou bien malades de silicose….
Combien reposent en silence, sur cette douce terre de France ?
Ils ont élevé avec bonheur, toute leur famille et tous les leurs.
Ils ont quitté leur Pays, Malheureux, mais ils l’ont emporté avec eux.
Un peu de leur Patrie dans leurs coeurs, un peu d’espoir des jours meilleurs,
Ils ont légué à leurs enfants leur culture, leurs sentiments,
Ils ont légué leur joie de vivre et leurs chansons.
Beaucoup, hélas, ne le voient plus,
Partis pour ce voyage dont on ne revient plus.
Mais ils peuvent être fiers, et regarder du haut du ciel,
Que leurs efforts ne furent pas vains,
Que leur Histoire n’a pas de fin,
Que nous sommes là sur cette terre de France,
Pays d’accueil et d’espérance,
Pour continuer ce qu’ils ont fait.
Nos chers Parents…. Les Polonais.

APPEL A LA COMMEMORATION DU CENTENAIRE DE L’ARRIVEE MASSIVE DES POLONAIS EN FRANCE.

Voici venu le temps de rendre hommage à nos Anciens, émigrés de Pologne en France il y a cent ans ! Si les Etats ne manqueront pas de commémorer le centenaire de l’indépendance de la Pologne le 11 novembre 1918 ou encore la signature de la convention pour l’émigration des Polonais en France de septembre 1919, c’est cependant et surtout la grande vague de l’émigration des années 1919 à 1923 qu’il conviendra d’honorer plus particulièrement. En effet des centaines de milliers de Polonais arrivèrent alors en France afin de reconstruire le pays détruit par la Première Guerre mondiale ! C’est cette arrivée massive dont il faudrait plutôt fêter le centenaire car plus représentative de la POLONIA dans toute sa diversité et… dans chaque recoin de notre pays. De plus, ces festivités nous mèneraient de 2019 à 2023.

Si au début, pour beaucoup de ces « pionniers » du début du XXème siècle, l’objectif était de gagner de l’argent, d’économiser puis de retourner vers la Mère-Patrie en ayant acheté un lopin de terre à bâtir, la Seconde Guerre mondiale est venue contrecarrer les plus beaux projets. Puis l’instauration d’un régime communiste incita une majorité de Polonais à s’installer définitivement en France.

L’intégration au pays d’accueil fut loin d’être facile : la nostalgie de la famille éloignée, les dures conditions de travail, un environnement globalement hostile… Après la mine, il y avait « heureusement » la religion, une vie associative variée, la tradition, la culture d’origine, les sports… mais toujours dans le ghetto du coron.

Dans mon livre « Une vie en Polonia » (Z Polonia i Polska w sercu« ), je décris les initiatives que nous avons prises, avec mes amis de la chorale et de l’AEP Millenium Marles-Calonne-Auchel, pour célébrer dignement le cinquantenaire de cette arrivée massive des Polonais en France. En 1969, la première messe radiodiffusée en polonais depuis la chapelle St Stanislas de Marles-Calonne ; le projet de francisation des status du Congrès des Polonais en France rejeté par la Mission Catholique polonaise de Paris ou encore la réalisation de la Première Semaine de la culture des Français d’Origine polonaise qui s’est tenue malgré les protestations des communistes et l’opposition marquée des catholiques traditionalistes… En 1970, les exposés sur la culture polonaise au congrès des sciences contemporaines et de culture polonaise au congrès des sciences contemporaines et de culture polonaise à l’étranger (Londres-Lille) et le Noël polonais sur la première chaîne de la télévision. En 1973, le concert télévisé de la chorale Millenium et la sortie d’un timbre-poste par le Ministère de la Poste et des Télécommunications.

C’est ainsi que Millenium a fait découvrir à la France, à l’opinion publique, qu’en plus de leurs muscles, leur courage, leur sérieux, les mineurs du charbon et du fer, les métallurgistes, les ouvrie(ère)s agricoles sont venus avec une culture, un folklore, des traditions et que les sauvegarder, les développer c’était « enrichir le patrimoine culturel de la France » (article IV des statuts de l’AEP Millenium). Je propose que pour les célébrations du centenaire, nous en faisions autant et plus, en mettant ainsi en lumière les Français d’origine polonaise, connus mais aussi inconnus. Rendons ainsi hommage à nos parents, grands-parents ou arrière-grands-parents, pour beaucoup décédés prématurément de la silicose, pour certains morts au service de la France dans les guerres… Oui, rendons hommage à tous les Français d’origine polonaise, fiers de leurs racines et de leur nationalité, en fait de leur double culture.

  Edouard PAPALSKI.

Chevalier de l’Ordre National du Mérite

Chevalier des Palmes Académiques

e-mail : papalskiedouard@gmail.com

Nouveau message d’Edouard PAPALSKI.

Chers Amis,

Après mes récentes rencontres de travail (seul ou avec Jean-Marie Krajewski, Agata Judycki, Christian Nowicki et Patrice
Dufossé-Rybka) avec les Présidents des Hauts de France, du Département du Pas de Calais, des Agglomérations de Béthune-Bruay-Isbergues et de la Côte d’Opale , voilà que, Ludowic IDZIAK, maire de la commune de Calonne-Ricouart (Pas de Calais) est l’un des premiers à inviter des responsables,  »de tous bords et de tous les horizons », le mardi 12 juin 2018, de 9h30 à 12 heures, à  une réunion à son Hôtel de ville … »afin de programmer des actions dans le but de mettre à l’honneur  les us et coutumes polonais, au travers  de manifestations variées,  en créant une dynamique tout au long de l’année  2019 et en mutualisant nos efforts entre villes voisines …toutes les propositions étant  les bienvenues… »

D’autres villes s’apprêtent à en faire de même. BRAVO !

Sans risque d’être contredit, pour fêter avec splendeurs et reconnaissance ce centenaire de l’arrivée massive des Polonais en
France,  »avec 25 kg de bagages »,   je peux vous affirmer que les budgets de nos instances politiques élues y affecteront des sommes non négligeables .

Des aides et subventions sont donc envisageables. …mais uniquement à des organisations (déjà légalement constituées ou à
créer) et pour des projets fiables, avec des prévisions budgétaires sérieuses.

CAR C’ EST MAINTENANT que s’élaborent ces projets et se préparent les budgets pour 2019. Les grandes vacances approchant, ne perdez pas de temps.

Pour vous y aider, je vous enverrai prochainement les idées débattues lors de mes rencontres.

Aujourd’hui je me permets de vous expédier  copie d’une page de  »NOWA POLSKA » de l’hebdomadaire  »L’ Avenir de l’ Artois » ,écrite par Christian Nowicki. Il vous présente  Willy Jendrowiak, et son excellente maîtrise sur ces arrivées massives en Pas de Calais, de 1921 à 1934. A exploiter sans modération.

Quant à moi, je vous redis AGISSEZ ! MAIS AGISSEZ V I T E   !

Bon courage. Bien cordialement,

papalskiedouard@gmail.com
président-fondateur de l’ A.E.P. Millenium Marles-Calonne-Auchel ,

Tél   :   06  83  44 14  89

PROJETS D’EDOUARD PAPALSKI pour les commémorations :

Edouard PAPALSKI

Tél. 06 83 44 14 89 papalskiedouard@gmail.com

CENTENAIRE DE L’ ARRIVÉE MASSIVE DES POLONAIS

Références : – ma lettre à Monsieur Xavier Bertrand, Président des Hauts- de- France, du 12 février 2018,

– sa réponse datée du 6 mars 2018,

– mon mail du 4 avril 2018 à Monsieur Salvatore Castiglione, vice-président,

– symposium du 2 juin 2017 à la Bibliothèque polonaise de Paris,

– conférence du 24 octobre 2017 à Zielona Góra (Pologne)

TOUS LES PROJETS SERONT RÉALISÉS PAR DES FRANÇAIS DE SOUCHE POLONAISE OU POLONAIS

VIVANT DE FAÇON PERMANENTE EN FRANCE

THÈME – SLOGAN: ‘’L A P O L O N I A : U N E H I S TO I R E D E F R A N C E ‘’ ?

S u g g e s t i o n s

COMMENT L’IMMIGRATION POLONAISE ENRICHIT L’HISTOIRE DE FRANCE

(sans aucun classement préférentiel)

1 -mise en place d’un conseil consultatif régional restreint. Composition : quelques conseillers régionaux, maires et personnalités qualifiées,

2 -appel à projets à la France entière, cibler les régions de plus forte immigration,

3 -déclaration solennelle : »la musique, les chants, les danses folkloriques, la gastronomie, certaines traditions des ressortissants français d’origine polonaise sont déclarés ‘’Patrimoines Culturels Immatériels des Hauts-de-France’’. Patrimoine matériel et monuments à définir.

4 -formalités à entreprendre: que les chapelles polonaises St Stanislas de la rue de Lille à Calonne-Ricouart, et la chapelle polonaise de la Place Guynemer à Bruay-la-Buissière, soient inscrites dans le patrimoine mondial de l’Unesco, au même titre que l’Eglise Millenium de Lens et la chapelle St Stanislas de Dourges,

5 -5 bourses de doctorant et 20 bourses pour les licences, masters sur ce centenaire (ouvert aux étudiants du Monde – donc à la France et la Pologne également),

6 -exposition au  »Louvre-Lens » de peintres, sculpteurs, arts décoratifs, contemporains,

7 -salon de livres, de partitions de musique, de CD, des ressortissants d’origine polonaise de France , conférences, séances de dédicaces,

8 -festivals de films, s’associer à l’ Arras Film Festival,

9 -aide à la diffusion des spectacles, expositions, fêtes, concerts, manifestations, cinéma,

10 -au stade de Lens, un gala de foot du centenaire entre l’équipe de France sélectionnée par Didier Deschamps et une équipe composée de footballeurs professionnels, tous d’origine polonaise, sélectionnés également par Didier Deschamps.

Dans l’attente et au cours de la mi-temps :

– spectacle folklorique,

– autour du stade : marché polonais.

( avec les prix d’entrée, le budget serait vite équilibré).

11 -D’abord dans les Hauts-de-France, puis à Paris et la France entière et enfin en Pologne : exposition itinérante sur les champions de boxe, cyclistes, footballeurs, les artistes, compositeurs, musiciens, chanteurs, écrivains, journalistes, élus de la nation, ministres, très hauts fonctionnaires, diplomates, officiers supérieurs de la police, de la gendarmerie, de la marine, de l’armée, des chefs illustres….(voir projet joint de mars 2008 de l’Institut de Recherche Biographique de Vaudricourt),

L’exposition devrait aboutir à Paris pour classement, au Musée de l’Immigration -Palais de la Porte dorée.

12 -aides financières régionales aux expositions locales de vieilles photos des émigrés, de leur arrivée en France, de leur vie familiale, professionnelle, culturelle, associative, religieuse…. Fonds d’archives à sortir pour cette occasion.

13 -concerts classiques: musique (par ex. de Landowski, Minkowski, Ratajski, du pianiste-concertiste-compositeur Henri Witkowski de Marles-les-Mines, fils de mineur),

-danses, folklore, chorale (par ex. la Chorale des Mineurs polonais et le groupe Polonia de Douai),

14 -musique traditionnelle, festival des plus anciens orchestres  »polonais » encore en activités (Harmonia de Bully-les-Mines, Echo d’Houdain, Estudiantina de Calonne-Ricouart…),

15 -bal ‘’à la polonaise ‘’ (par ex. avec l’orchestre Kubiak au Stade régional de Liévin),

16 -festival de théâtre, (par ex. avec Henri Dudzinski et l’I.C.E.P. de Lens),

17 -diffusion du livre  »Une Vie en Polonia » d’Edouard Papalski de Marles-les-Mines (230 pages) à toutes les bibliothèques et médiathèques des Hauts de France (livre retraçant une intégration pas si facile, avec des échecs et des réussites). Information: pour les 5 départements des Hauts de France 1500 livres suffiraient.

.en plus 4 ou 5 exemplaires de ce livre à offrir à chaque élu du Conseil Régional pour ‘’distribution-cadeau’’ à des bénévoles méritants, engagés dans les organisations des festivités. Dans ce cas, il faudrait doubler la prévision budgétaire.

18 -aide à la publication et diffusion de livres retraçant la vie des ressortissants franco-polonais.

20 -visites organisées par les Office de tourisme des monuments historiques classés sur la présence et l’influence des Polonais dans la résistance, la libération, la religion, l’architecture,

21 -encourager l’attribution de noms de français illustres, d’origine polonaise, à des monuments, des rues, des édifices publics,

22 -rétrospective historique de la présence de Polonais en France depuis 1000 ans,

23 -rétrospective des initiatives en Pologne sur ce centenaire (consulter la Société scientifique  »Polska w Świecie » à Zielona Góra, le Sénat polonais et les Ambassades de la France à Varsovie et de la Pologne à Paris),

24 -solliciter un contingent exceptionnel de nominations dans les Ordres : de la Légion d’Honneur, du Mérite National, des Arts et des Lettres, des Palmes Académiques….

25 – demander une participation financière de l’Etat (consulter mes correspondances avec le Président de la République Emmanuel Macron), rechercher des mécénats d’entreprises, partenaires dans les médias…

26 – dictionnaire biographique et encyclopédie de la Polonia française, à l’instar du livre ‘’les 100 figures…du Pas de Calais. (La vente équilibrerait rapidement la dépense engagée ?!)

27 – livre sur « Les 100 objets de la présence polonaise dans les Hauts de France » + expositions, avec Monika Siama, Professeur de langues étrangères à L’Université de Lille 3.

28 – livre sur « Présence polonaise dans les Hauts de France, 100 après ! », état des lieux

29 – livre sur « Filles de mineurs polonais, témoignages sur un siècle d’histoire polonaise » à travers les entretiens de femmes âgées de 65 ans à 96 ans.

30 – publication d’un livre sur les conférences prononcées au Symposium du 2 juin 2017 à la Bibliothèque polonaise de Paris,

31 -traduction du livre édité en langue polonaise reproduisant les communications scientifiques à la Conférence du 24 octobre 2017 à Zielona Góra -Pologne. (ce compte-rendu publié par la Société scientifique ‘’Polska w Swiecie’’ sera largement subventionné par le Rectorat et la Région de Zielona Góra)

32 -reportages télévisés, radios,

33 -émission d’un timbre-poste,

34 -nommer un ‘’commissaire général ’’ du centenaire, de haut niveau, dépendant de la Présidence de la Région, ayant pour mission:

.les commémorations du centenaire de l’arrivée massive des Polonais en France,

.les rédactions, éditions et de la diffusion des ouvrages,

.l’information, la publicité, la réalisation, le suivi et la médiatisation appropriée de tous ces événements.

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Assistaient à la réunion de travail, vendredi 25 mai 2018, à 15 heures, au siège

de la Région, 151 Avenue du Président Hoover à Lille:

Monsieur Carl-Michaël Hoin, adjoint au chef de service de l’inventaire, devoir de mémoire projets culturels, commémorations ,

Madame Agata Judycki, unique bibliographe de la Région, journaliste diplômée de la Sorbonne, 34 livres sur la diaspora polonaise ,

Monsieur Christian Nowicki, Professeur de Lettres et Communication, Directeur du Pôle Enseignement Supérieur Baudimont à Arras,

Monsieur Patrice Dufossé-Rybka, Président-directeur des Editions Nord-Avril, spécialisé dans

les publications sur la Polonia française,

Edouard Papalski.

DOCUMENT EXTRAIT DE LA PAGE DES FRANCOPHONES sur le thème :

CELEBRONS OFFICIELLEMENT LE CENTENAIRE DE L’ARRIVEE MASSIVE DES POLONAIS en FRANCE

« TOUTE LA FRANCE EST POLONAISE ! »

… C’est le célèbre LA FAYETTE qui a prononcé cette phrase, le 11 septembre 1831, dans un discours devant la Chambre des députés. Le général avait pris fait et cause pour l’insurrection polonaise. Celle-ci avait éclaté le 29 novembre 1830, suite à la décision du tsar Nicolas 1er de mobiliser des troupes polonaises pour intervenir contre la révolution belge qui a abouti à l’indépendance de la Belgique vis-à-vis des Pays-Bas, et contre la révolution de Juillet, en France, qui a installé une nouvelle monarchie dans le pays. Ces deux révolutions, et les changements qu’elles impliquaient, remettaient en cause l’ordre établi au Congrès de Vienne, en 1815, auquel le souverain russe était attaché, et que la Sainte-Alliance devait maintenir. Les troupes impériales, en marche vers l’Europe occidentale, s’arrêtent dans le royaume de Pologne et affrontent les insurgés. La guerre polono-russe va durer jusqu’en septembre 1831 et sera suivie par une effroyable répression qui jettera des milliers de Polonais sur les chemins de l’émigration, notamment vers la France ou la Grande Emigration prendra racines et créera des institutions qui existent encore aujourd’hui. Le 8 septembre 1831, Varsovie est prise par les troupes russes, ce qui a fait dire, quelques jours plus tard, au ministre des Affaires Etrangères français, Horace Sébastiani, que « la tranquillité régnait à Varsovie ». C’est dans ce cadre-là, après la chute de la capitale du royaume, que La Fayette lance son appel devant les députés. Mais le gouvernement français refuse d’aider les insurgés polonais et la phrase de Sébastiani est interprétée par l’opposition comme « l’ordre règne à Varsovie ». La Fayette, dont l’aide de camp en 1830 est le capitaine Léonard Chodzko, s’intéresse  l’Insurrection de Novembre comme il s’est intéressé à toutes les révolutions nationales qui ont éclaté à la fin du 18ème siècle et au début du 20ème. On le sait bien, il a participé activement  la guerre d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique où il a côtoyé deux Polonais, Tadeusz Kosciuszko et Kazimierz Pulaski. Il préside le Comité central franco-polonais qu’il crée le 28 janvier 1831, auquel participent de nombreuses personnalités de l’époque comme Victor Hugo par exemple. Le comité est actif et obtient des résultats en faveur de la cause des insurgés polonais, en particulier dans la collecte de fonds comme le laisse entendre la citation. Il envoie, mais trop tard, un navire avec des armes. La Fayette réclame la reconnaissance de l’indépendance de la Pologne. Le poète Casimir Delavigne écrit « La Varsovienne » en février 1831. Le poème, traduit en polonais par Karol Sienkiewicz et mis en musique par Karol Kurpinski, devient un chant patriotique célèbre. La Pologne suscite une réelle sympathie chez les Français. Ceux-ci comprennent bien que l’Insurrection de Novembre a arrêté les Russes et les a empêchés de venir rétablir, en Belgique et en France, l’ordre ancien de la Saint-Alliance. De leur côté, en Pologne, les insurgés attendent l’aide de la France. Malgré l’écho favorable qu’ils y trouvent grâce au travail du Comité de La Fayette et de la presse, les autorités font la sourde oreille et laissent les Russes mettre un terme au soulèvement. A la nouvelle de la chute de Varsovie, des manifestations ont lieu à Paris entre le 16 et le 19 septembre 1831, mais la seule réaction du gouvernement est celle de Sébastiani citée plus haut.

En revanche, toujours sous la pression de La Fayette qui exige du gouvernement la réparation de ses torts envers les Polonais, les autorités françaises acceptent de recevoir les réfugiés. La Grande Emigration s’organise avec la création de formations politiques. Elle s’organise aussi spirituellement autour de la Mission Catholique fondée en 1836, ainsi que culturellement avec la fondation, en 1832, de la Société Littéraire polonaise qui deviendra, en 1854, la Société historique et littéraire polonaise, sans oublier la fondation de la Bibliothèque polonaise de Paris en 1838. Le général La Fayette est un des bienfaiteurs de la Société littéraire.

Ami de la Pologne et des Polonais, ardent défenseur de la cause des insurgés, La Fayette restera fidèle à ses convictions jusqu’à sa mort en 1834. Ses obsèques se sont déroulées à l’église Notre-Dame de l’Assomption qui sera mise  la disposition de la Mission Catholique polonaise dix ans plus tard.

(Page des Francophones de R. Zienkiewicz)

. : En préambule à ces futures commémorations, une conférence s’est tenu le 24 octobre 2017, organisée par la Société Scientifique « LA POLOGNE DANS LE MONDE » à l’Université de ZIELONA GORA en Pologne. Son thème :

L’HISTOIRE, L’EVOLUTION ET LES CONSEQUENCES DE L’EMIGRATION ECONOMIQUE POLONAISE EN FRANCE DE 1919 à NOS JOURS.

Objectifs de la conférence : Depuis longtemps, les universitaires de Gorzow et Zielona Gora entretiennent des liens scientifiques étroits avec des chercheurs, écrivains, journalistes et responsables de la Polonia française. Ils ont déjà organisé des rencontres en particulier avec les professeurs Edmond Gogolewski, Gabriel Garçon, Zbigniew Judycki ou Tadeusz Wyrwa. La présente initiative est liée au jubilé (1918-2018) du recouvrement de l’Indépendance de la Pologne, suivie du centenaire de la convention du 3 septembre 1919 organisant une émigration massive des Polonais vers la France.

La délégation française se composait du professeur Gabriel Garçon et de son épouse, du vice-président honoraire du département du Pas-de-Calais Jean-Marie Krajewski et Edouard Papalski. La veille, celle-ci fut reçue par le recteur de l’Université de Zielona Gora, le Professeur Tadeusz Kuczynski, s’ensuivit une visite de la ville commentée par l’un des organisateurs de la conférence le professeur Wieslaw Hladkiewicz.

A l’ouverture de la séance plénière, au nom du Sénat de la République Polonaise, le sénateur Robert Dowhan rappela le patronage traditionnel du Sénat sur la diaspora polonaise datant du temps de la 2ème République. En souhaitant bienvenue aux représentants d’une intégration française réussie et néanmoins militants fidèles de l’amitié franco-polonaise, il leur a offert des médailles attribuées par le Sénat polonais. Le colonel Pawel Nazarycz représentant le Département de l’Education, de la Culture et de l’Histoire du Ministère de la Défense Nationale saluant les invités de France, souligna la convergence des objectifs de la conférence avec ceux de son Département.

Les débats furent ensuite présidés par les professeurs Wieslaw Hladkiewicz et Marek Szczerbinski. Les orateurs représentaient des politologues, des sociologues, des historiens venus des institutions scientifiques de Tarnow, Olsztyn, Lodz, Warszawa, Torun, Kielce, Wroclaw, Poznan, Gorzow Wielkopolski,  Zielona Gora.

DEROULEMENT : Ce compte-rendu succinct insiste particulièrement sur les idées novatrices, justifiant ainsi les conclusions et propositions finales de la conférence. Le docteur Jarek Kubera de Poznan expliqua le fonctionnement et les évaluations des associations polonaises et franco-polonaises en France. Le professeur Dr Janusz Wrobel de Lodz détailla les problèmes du rapatriement et réémigration des Polonais de France de 1945 à 1949, avec ses conséquences politiques et psychologiques. Le Dr Aneta Wisiobiedzka de Varsovie dévoila les causes de la fin de cette réemigration des Polonais de 1948 à 1950. Le Dr Zbigniew Girzynski de Torun replaça ces interventions dans le contexte historique des changements politiques d’après la guerre 1939-45 : depuis la conférence de Yalta, en passant par le Comité de Libération de la Pologne jusqu’aux évènements de Poznan et le retour de Wladyslaw Gomulka au pouvoir en 1956. Partant des travaux d’Andrzej Paczkowski, le professeur Jolanta Chwastyk-Kowalczyk de Kielce et le Dr Krzysztof Wasilewski de Gorzow Wielkopolski récapitulèrent les liens unissant les Polonais avec leur presse, que ce soit avec le « Dziennik Polski et Dziennik Zolnierza » à Londres ou le quotidien « Narodowiec » de Lens en France. Le Dr Grzegorz Wieczorek de Wroclaw informa les auditeurs sur les statistiques et biographies figurant dans les cinq volumes de l’Encyclopédie de l’émigration polonaise et des diasporas de Kazimierz Dopierala publiée en 2003-05. Mgr Miroslaw J. Kucharski de Torun – en tant que rédacteur technique et éditeur de cette encyclopédie – nous fit découvrir les coulisses de ce travail monstre et de son financement. Le Dr Hab Marek Szczerbinski de Gorzow Wielkopolski et le prof. Dr habilité Wieslaw Hladkiewicz de Zielona Gora – condensèrent les recherches scientifiques sur l’histoire contemporaine de la Polonia française, les publications et les responsables émergents. Tous deux insistèrent sur l’établissement d’un bilan du centenaire de l’arrivée massive des Polonais en France.

L’EVOLUTION ACTUELLE ET SURTOUT SES PERSPECTIVES D’AVENIR (à court et à long terme).

En première intervention des Français de souche polonaise, c’est Jean-Marie Krajewski, vice-président honoraire du département du Pas-de-Calais, qui partagea les souvenirs de ses parents arrivés en France de Westphalie et ses études le menant à l’enseignement secondaire comme professeur. A son initiative, les réalisations concrètes du Département pour la formation de dirigeants de « Solidarnosc » et l’année culturelle de la Pologne en Pas-de-Calais. Dans son discours, le professeur Dr Gabriel Garçon a fait le point sur les plus importantes études sociologiques et historiques déjà réalisées sur la Polonia française. Il a détaillé les livres parus sur ces thèmes en Pologne et en France, sans oublier sa propre participation. Il a prodigué des conseils pour les chercheurs des deux pays, s’apprêtant à étudier l’histoire contemporaine de la Polonia d’aujourd’hui et demain. Avec beaucoup d’intérêt, le public a écouté ensuite l’intervention d’Edouard Papalski, fondateur de l’Association « Millenium » à Marles-les-Mines, ancien dirigeant des KSMP de France et du Congrès de la Polonia Française, adjoint au Maire honoraire d’Hesdigneul-les-Béthune. Celui-ci a décrit l’intégration, pas toujours facile, des siens dans la société française. Il a résumé l’histoire du centenaire de l’arrivée massive des Polonais en France. Des applaudissements nourris ont accueilli ses propositions de cette célébration par un resserrement plus conséquent de la coopération entre la France et la Pologne. Il souhaita l’unification de cette Polonia divisée, par la création d’un C.R.I.P. (Conseil Représentatif des Institutions de la Polonia). Les présents ont reçu ensuite son livre autobiographique « Z Polonia i Polska w sercu ». En outre, la société scientifique « Polska w swiecie » (La Pologne dans le monde) en distribua un bon nombre aux professeurs des écoles et dans les bibliothèques de Gorzow Wielkopolski et de sa région.

CONCLUSIONS ET PROPOSITIONS FINALES.

Tenant compte des communications faites, complétées par d’intéressantes discussions, les participants ont adopté les conclusions suivantes :

  1. Lors des célébrations du centenaire de l’indépendance de la Pologne (1918-2018), ne pas omettre le rôle joué par les Polonais vivant  à l’étranger (avec en particulier ceux de la Polonia française).
  2. A l’occasion du centenaire 1919-2019, éditer en polonais et français un livre avec les conférences prononcées – dédiées aux émigrations polonaises.
  3. Suivant les suggestions du professeur Garçon, proposer aux scientifiques de France et de Pologne des nouveaux thèmes de recherche.
  4. Profiter du centenaire de l’arrivée massive des Polonais en France pour aider aux rapprochements individuels et collectifs de la Polonia française.
  5. Intervenir auprès des hautes instances des deux pays pour déclarer l’année 2019-2020 l’année Pologne-France par Varsovie et France-Pologne par Paris.

Pour les organisateurs de la conférence,

Wieslaw Hladkiewicz et Marek Szczerbinski

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DOCUMENT ANNEXE –

MESSAGE DE M. EDOUARD PAPALSKI

LE CENTENAIRE DE L’ARRIVEE MASSIVE DES POLONAIS EN FRANCE.

Le 11 novembre 2018, la Pologne célèbrera le centenaire de son indépendance, après 123 années d’occupation par l’Autriche, la Russie et la Prusse. L’organisation des célébrations va de soi.

Le 3 septembre 2019, il y aura 100 ans, que la France et la Pologne signaient une convention. Celle-ci a permis  des centaines de milliers de Polonaises et de Polonais d’émigrer en France, pour remplacer les nombreux travailleurs, morts sur les champs de bataille, et relever la France des ruines de la Première Guerre Mondiale, particulièrement dans l’agriculture, la métallurgie, les mines de charbon, de minerai de fer et de potasse. C’est ce centenaire de l’arrivée massive des Polonais que nous devrions célébrer dans toute la France. L’annonce d’une année de France-Pologne en France et Pologne-France en Pologne (à la suite de la rencontre prévue en 2018 des présidents français et polonais) serait judicieuse. Dans les circonstances spécifiques de l’actualité internationale, elle consacrerait encore davantage la millénaire solidarité franco-polonaise. Déjà les intellectuels et scientifiques polonais, lors de la conférence nationale sur la Polonia du 24 octobre 2017 à Zielona Gora (qui faisait suite au symposium organisé le 2 juin 2017 à la Bibliothèque Polonaise de Paris) ont transmis des sollicitations dans ce sens à leurs autorités gouvernementales et à leur Sénat.

Pour nous, Français de souche polonaise, l’immense mérite de nos ancêtres, travailleurs acharnés, est d’avoir ouvert à de nouvelles générations, dans les luttes partagées des guerres, de la résistance, des syndicats, des partis, de la vie quotidienne, une intégration exemplaire en France, devenu leur nouvelle patrie. Ces efforts ont abouti à une authentique promotion qui s’illustre à tous les niveaux. Sans en faire une trop longue liste, mentionnons, parmi ces descendants des première, deuxième, troisième générations : les ministres, députés, sénateurs, conseillers régionaux ou départementaux, maires, chefs de partis politiques ou de syndicats, ambassadeurs, diplomates, préfets et autres sous-préfets, les généraux, amiraux, chercheurs, scientifiques, professeurs, ingénieurs, médecins, prix Nobel, artistes, compositeurs, musiciens, acteurs, danseurs, chanteurs, peintres, cinéastes, journalistes, écrivains, poètes, sportifs, économistes et même… un cardinal ! Voilà le vrai monument historique édifié par le labeur de l’émigration ouvrière, arrivée de Pologne il y a cent ans, avec 25 kilos de bagages.

« La Grande Emigration » d’après l’insurrection de 1830, a créé des institutions, existantes encore aujourd’hui, comme la Mission catholique, la Société historique et littéraire, la Bibliothèque Polonaise de Paris. Elle a obtenu la mise à disposition de l’Eglise Notre-Dame de l’Assomption. Pour tout cela elle reste inscrite dans l' »Histoire » comme l’a décrit dans un article remarquable Richard Zenkiewicz paru dans « La Voix catholique (Glos Katolicki) du 2-9 juillet 2017.

Il me paraît juste et naturel que les enfants, petits et arrière-petits enfants de l’émigration ouvrière d’après 1919, manifestent de la reconnaissance à leurs ancêtres, à ceux décédés prématurément de silicose, à certains tués au champ d’honneur pour la France, à ceux ayant participé au développement et au rayonnement de leur pays. L’Etat, les régions, les communes, les collectivités territoriales y ont aussi une obligation morale et historique. Une année France Pologne, avec un budget d’Etat, donnerait la possibilité à des étudiants ou chercheurs, à des historiens, de publier des livres, des mémoires, des thèses, pour faire découvrir comment, depuis un siècle, cette émigration a enrichi le patrimoine culturel, folklorique, gastronomique, économique, sportif de la France. Son Excellence l’ancien Ambassadeur de France en Pologne Pierre Buhler, aujourd’hui Président de l’Institut Français, a répondu le 15 décembre 2017 à mes interrogations sur l’organisation d’une année France-Pologne.

« Je vous remercie de votre message, dont j’ai apprécié la ferveur et l’argumentation très convaincante. Malheureusement, tout ce qui touche à la relation politique entre la France et la Pologne échappe à la compétence de l’Institut français. Toute démarche dans ce sens doit être adressée au Ministère des affaires européennes étrangères. Pour ce qui est des saisons et des années croisées, il s’agit effectivement d’une mission classique de l’Institut français, mais uniquement pour ce qui est de l’exécution. La décision de lancer une telle entreprise relève des plus hautes autorités de notre pays. Or, de telles décisions ont déjà été prises pour les dates que vous mentionnez : 2019 sera ainsi l’année de la saison France-Roumanie, et 2020 celle de la saison des cultures africaines annoncée par le Président de la République dans son discours de Ouagadougou, le 28 novembre dernier. La France n’organisant qu’une saison/année croisée par an, je crains que votre proposition, malgré toute la pertinence qu’elle pourrait avoir, ne soit pas réalisable. (…)

Pour la belle histoire, je vous raconte mon énorme surprise, en 2016 à Varsovie, lorsque son Excellence me téléphone  l’hôtel. Il me toucha par l’élégance et la simplicité de cet appel matinal d’un ambassadeur de France, en langue polonaise ! Et voilà qu’en ce 15 décembre 2017, et à mon grand étonnement, la lettre officielle du président de l’Institut français, se termine par des voeux de joyeuses fêtes de Noël « Milych i radosnych swiat Bozego Narodzenia« … également en polonais !

Néanmoins, pour l’histoire, je me permets de rappeler aux lecteurs : 81.017 le nombre de Polonais ouvriers arrivant en Pas-de-Calais de 1921 à 1930 dont en 1921 : 3.638 ; en 1922 : 14.515 ; en 1923 : 21.395 (le plus grand nombre) et en 1924 : 11.979. (Source : l’excellent livre « Un siècle de présence polonaise en Région Nord-Pas-de-Calais p. 54 de Jendrowiak Willy, non publié).

Selon l’Institut Français, les décisions au delà de l’an 2020 ne sont pas encore prises. Le prochain voyage officiel en Pologne de notre Président de la République devient ainsi une opportunité exceptionnelle. Le calendrier nous est favorable. Après le timbre que j’ai fait émettre  près de 9 millions d’exemplaires  travers le monde, en 1973, pour célébrer son centenaire est un objectif potentiellement et objectivement toujours réalisable.

J’en appelle donc à toutes les forces vives de la Polonia française, dans toutes ses composantes et ses diversitée, organisées ou inorganisées,  à mes compatriotes de souche polonaise, de toutes les générations, de tous les niveaux, de toutes les régions de France afin de :

CELEBRER LE CENTENAIRE DE L’ARRIVEE MASSIVE DES POLONAIS EN FRANCE

DE RECLAMER ENSEMBLE AUPRES DES RESPONSABLES ET ELUS DE LA NATION UNE ANNEE FRANCE-POLOGNE !

Afin d’agir concrètement, nous devons nous adresser avant tout vers nos responsables publics élus ou associatifs.

Que l’année 2018 soit celle des avancées concrètes dans ce grand dessein.

Edouard Papalski, auteur du  livre                            »                    « Une vie en Polonia », traduit en polonais « Z Polonia i Polska w sercu ».

(papalskiedouard@gmail.com)

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10ème mot doux d’Hermine – Duo de choc pour sauver la Pologne

Au début du 19ème siècle, alors que la Pologne était rayée de la carte, partagée entre la Russie, l’Allemagne et l’Autriche, innombrables furent les tentatives de la part de vaillants patriotes, pour faire ressusciter leur pays, par divers moyens, dont plusieurs insurrections.

Emigrés à Paris, au moment de la sanglante insurrection de 1830, c’est un duo d’artistes incomparables qui va perpétuer l’esprit et le génie de la Pologne en Occident : le musicien Chopin et le poète Adam Mickiewicz.

Chopin faisait renaître son pays natal dans ses mazurkas et ses polonaises. Mickiewicz faisait connaître sa patrie par ses poèmes épiques, et en même temps il s’activait énergiquement pour mobiliser un peu partout les soutiens à la cause polonaise. Il est d’ailleurs mort (du choléra) en 1855 à Istanbul, où il s’est rendu lors de la guerre de Crimée, voulant se rendre utile par tous moyens à la libération de la Pologne du joug russe.

L’heure n’avait pas encore sonné de cette libération effective, il fallut attendre encore quelques décennies, jusqu’à 1918, le moment propice, lorsque la terrible guerre mondiale eut bouleversé l’ordre de l’Europe Centrale.

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9ème mot doux d’Hermine – Chapeau bas, un génie !

« Chapeau bas, Messieurs, un génie ! » Il paraît que c’est l’exclamation d’admiration lancée par Schumann en extase après un concert du jeune Chopin à ses débuts à Paris.

Cependant, chers lecteurs, ce n’est pas à Chopin que je souhaite rendre hommage aujourd’hui, c’est à l’artiste polonais immense qui vient de quitter ce monde : Le cinéaste Andrzej Wajda.

 

J’ai déjà consacré des articles à Wajda sur ce site Pologneimmortelle, dans la rubrique « Grace à eux, la Pologne existe toujours » et « le cinéma polonais ». Je ne m’étendrai donc pas ici sur sa biographie et la présentation de ses œuvres (qui se sont toutes révélées des chefs-d’œuvre).

Je voulais aujourd’hui vous faire partager mon émotion à la nouvelle de la mort de cet artiste extraordinaire, qui, comme Chopin, comme Sienkiewicz, Wojtyla et tant d’autres, était à la fois infiniment polonais et infiniment universel. Comme personne, il a su faire revivre par ses films uniques les épisodes tragiques ou heureux de l’Histoire de la Pologne.

Je me souviens avoir pleuré en regardant « Katyn » bien sûr, ce massacre des milliers d’officiers polonais par le dictateur fou Staline. Katyn où son propre père avait été tué. Mais aussi avoir été émue par la douceur de son film élégiaque infiniment doux « Les demoiselles de Wilko », par le drame sous-jacent de « La terre promise » traitant de l’industrialisation, au 19ème siècle de Lodz où trois jeunes héros (interprétés par ses acteurs-fétiches Andrzej Severyn, Daniel Obrychski, Wojciech Psionak) perdent leur âme, j’ai été captivée par les états d’âmes des troupes polonaises dans l’armée napoléonienne à travers « Cendres », par l’atmosphère nostalgique de « Pan Tadeusz » inspiré du poème épique de Mickiewicz. J’ai été touchée par l’homme Walesa, dont Wajda a fait revivre les combats courageux par deux films remarquables « L’homme de fer » dans les années 80, et beaucoup plus récemment, « L’homme du peuple».

Si l’âme de la Pologne était sa principale source d’inspiration, il ne s’en est pas tenu qu’à son pays natal. Souvenons-nous de l’intensité de son film « Danton » où il a su si magistralement faire revivre les états d’âme des révolutionnaires français,

Wajda avait commencé à livrer son message à travers ses œuvres depuis les années après-guerre, avec des films réalistes comme « Kanal » ou « Pokolenie ». Qu’il ait évoqué des épisodes lointains ou récents du passé de la Pologne, ou des évènements de l’actualité, on ne pouvait qu’admirer sa finesse, sa justesse.

 

A chacune de ses interviews que j’ai pu voir, ce qui me frappait c’était son naturel. Tout ce qu’il réalisait semblait couler de source, tout devenait profondément humain.

Rien de tordu chez Wajda, pas de ces concessions montrées par trop d’artistes pour suivre les modes, rien de commercial, rien de trivial. Il était lui-même, c’était tout et c’était inestimable.

La Pologne lui doit beaucoup. Comme ces artistes et écrivains polonais qui ont rendu la Pologne éternelle, il contribuera, par ses excellents films, à perpétuer dans l’esprit des nouvelles générations l’identité et l’esprit universel de son pays. Aussi, chers lecteurs, n’hésitez pas à offrir en cadeau les DVD de ces films.

Quant à son dernier film, voici les renseignements que j’ai reçus à son sujet :

Sortie le 22 février prochain du dernier film d’Andrzej Wajda, Les Fleurs bleues (Powidoki)qui retrace le parcours du peintre Władysław Strzemiński, persécuté par les autorités communistes dans la Pologne d’après-guerre.

(distribution KMBO, société de distribution de films d’art et d’essai. Paris.).

 

Synopsis

Dans la Pologne d’après-guerre, le célèbre peintre Władysław Strzemiński, figure majeure de l’avant-garde, enseigne à l’École Nationale des Beaux Arts de Łódź. Il est considéré par ses étudiants comme le grand maître de la peinture moderne mais les autorités communistes ne partagent pas cet avis. Car, contrairement à la plupart des autres artistes, Strzemiński ne veut pas se conformer aux exigences du Parti et notamment à l’esthétique du « réalisme socialiste ». Expulsé de l’université, rayé du syndicat des artistes, il subit, malgré le soutien de ses étudiants, l’acharnement des autorités qui veulent le faire disparaître et détruire toutes ses œuvres.

Note du réalisateur Andrzej Wajda sur ce dernier film :

« Je voulais filmer l’histoire d’un artiste, celle d’un peintre, depuis très longtemps. J‘ai décidé d’adapter au cinéma l’histoire de Władysław Strzemiński, l’un des artistes polonais les plus accomplis. Je voulais également montrer son conflit avec l’État socialiste. Strzemiński a beaucoup travaillé sur l’art moderne et a exposé sa pensée dans le livre intitulé Théorie de la Vision. Ses fortes convictions artistiques et notamment celles concernant l’art abstrait, lui ont donné la force de résister aux autorités communistes. Afterimage est le portrait d’un homme intègre – un homme confiant dans ses choix ; un homme dont la vie a été dédiée à un pan de l’art exigeant. C’était un enseignant exceptionnel et l’un des fondateurs du Musée d’Art Moderne de Łódź en 1934, le musée ayant la deuxième plus grande collection d’œuvres au monde. Le film dépeint quatre dures années de 1949 à 1952, lorsque la soviétisation de la Pologne a pris sa forme la plus radicale et que le réalisme socialiste est devenu la forme artistique obligatoire »

Que de films et de succès ! Chapeau bas, monsieur Wajda ! Vous resterez inoubliable.

hermine

HERMINE

 

UN SCULPTEUR EXCEPTIONNEL AU NOM POLONAIS : Paul LANDOWSKI

 

Chers lecteurs, savez-vous quel sculpteur de talent est l’auteur du fameux Christ Rédempteur, mondialement connu, qui étend ses bras au-dessus de Rio de Janeiro au Brésil, d’une hauteur de 30 m ?

Savez-vous qui a sculpté cette imposante statue de Sainte-Geneviève sur le Pont de la Tournelle à Paris ?

Dans les deux cas, c’est un sculpteur franco-polonais, nommé Paul Landowski.

Fils d’un émigré polonais installé à Paris, Paul Landowski va réaliser un très grand nombre de sculptures fameuses…, et pourtant, paradoxalement, son nom est maintenant quasi-inconnu !

Né en 1875, il montre très tôt un grand talent d’artiste. En 1900, il remporte le Prix de Rome avec sa sculpture « David combattant Goliath ». A son retour de la Villa Médicis, en 1906, il s’installe à Boulogne-Billancourt, bientôt suivi d’un groupe d’artistes et de mécènes. Il accède à la célébrité dès 1909 en réalisant une sculpture qui sera installée sous la coupole du Panthéon à Paris « Aux artistes dont le nom s’est perdu ».

Il devient membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1926, et sera nommé directeur de l’Académie de France à Rome, de 1933 à 1937.

Il a réalisé, dans un style néoclassique, plus de 80 Monuments aux Morts dont « les Fantômes », sur la butte de Chalmont dans l’Aisne.

Paris est jalonné des sculptures par lui réalisées que le passant admire sans savoir qui en est l’auteur :

Outre la haute silhouette de Sainte-Geneviève patronne de Paris, il a laissé dans la capitale :

  • la statue équestre en bronze d’Edouard VII, réalisé en 1913.
  • La statue de Montaigne, square Painlevé, devant la Sorbonne, réalisée en 1934.
  • Les fils de Caïn (bronze, Jardin des Tuileries, Paris, 1906),
  • Monument aux artistes inconnus au Panthéon.

Monument aux Internes de l’Hôtel-Dieu de Paris.
Quelques-unes de ses autres statues les plus célèbres :
– David combattant Goliath (Plâtre patiné, Musée des Années 30, Boulogne-Billancourt, 1900),
– L’hymne à l’aurore (plâtre patiné, Musée des Années 30, Boulogne-Billancourt, 1908),

Monument international de la Réformation à Genève, érigé en 1909.

Le monument de la Victoire à Casablanca

Le Pavois à Alger.

Le Temple de l’Homme, en 1925.

Le tombeau du Maréchal Foch.
Son inspiration a été marquée par la philosophie humaniste d’Henri Barbusse. Il a suivi les cours du portraitiste Jules Lefebvre et devient un expert en anatomie en suivant les dissections de l’Ecole de Médecine. Durant la première guerre mondiale, ayant participé à la bataille de la Somme, il reçoit la Croix de Guerre. Il considère désormais la sculpture comme un instrument civilisateur. Il a utilisé toutes sortes de matières, bronze, plâtre, marbre, granit.

Landowski devint le sculpteur officiel de la IIIème République. Il est l’auteur du monument aux morts du Trocadéro, au cimetière du Père-Lachaise..

 

Son fils, Marcel Landowski, (1915-1999) brillera dans un autre Art : La musique. Compositeur de talent, il réformera l’enseignement musical en France.

 

Si je tenais, chers lecteurs, à vous parler de Paul LANDOWSKI, c’est qu’il fait partie de ces innombrables descendants d’immigrés polonais et qu’une initiative pour mettre davantage en lumière ces immigrants polonais et leurs descendants a retenu toute mon attention.

 

  1. Edouard PAPALSKI, sympathique représentant de la POLONIA du NORD-PAS-de-CALAIS envisage en effet de lancer et d’organiser une grande commomération, à l’échelon national, en 2019, pour fêter le centenaire du début de l’immigration de masse des Polonais en France – que l’on a un peu trop oubliés. Leur extrême discrétion ne doit pas faire oublier à quel point ils ont donné leur sueur et leur talent à ce pays d’accueil qu’ils aimaient.

 

Mais je vous reparlerai sans doute plus en détails du projet de M. Edouard Papalski…

En attendant, si vous en avez l’occasion, promenez-vous dans les différents quartiers de Paris, en y découvrant les œuvres immortelles de Paul LANDOWSKI.

 

Hermine.

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8ème mot doux d’Hermine – le trône de Pologne, devenu chaise percée de l’horrible tsarine

Chers lecteurs-internautes,

 

J’ai eu envie de vous parler d’un petit voyage en train – pas en Pologne comme je vous narre habituellement – mais un court trajet entre Paris et la région Rhône-Alpes que j’ai effectué dernièrement (comment cela, vous n’avez jamais vu d’hermine, valise à la main, grimper dans un train ? Les hermines adorent les voyages et les rencontres qu’ils occasionnent).

On apprend toujours quelque chose du moindre voyage, qu’il soit lointain ou pas. Le sage Montaigne ne disait-il pas : « Je ne sache point meilleure école à former la vie. L’âme y a une continuelle excitation à remarquer des choses inconnues et nouvelles ».

Ce trajet ferroviaire fut l’occasion d’une conversation aussi inattendue qu’intéressante.

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7ème mot doux d’Hermine – Polonité…Polonitude

 

Chers lecteurs-internautes de tous pays, loin de moi l’idée de vouloir vous donner une leçon de vocabulaire. Simplement, comme j’ai moi-même longtemps fait plus ou moins la confusion entre ces deux mots « Polonité » et « Polonitude », j’ai pensé que nous pouvions réfléchir un instant sur ces termes et leur signification respective.

Voilà comme je vois la différence principale entre ces deux mots :

La polonité, c’est, très simplement, « l’ensemble des caractères propres à la Pologne » (selon le dictionnaire). C’est donc par extension, un état particulier à ceux qui y sont nés ou en sont issus.

La polonitude, c’est forcément différent sinon il n’y aurait pas deux noms. Mais ce mot-là n’a pas de définition dans le dictionnaire. Officiellement, il n’existe pas.

Cependant, j’ai bien envie de l’utiliser, ce mot-là, je sens qu’il renferme des trésors de nuances, d’états d’esprit et d’attitudes vis-à-vis de la « mère-patrie ». Alors, ce n’est que par analogie avec les mots ayant la même construction que l’on peut arriver à cerner sa signification, me suis-je dit.

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6ème mot doux d’Hermine – Roi des romanciers, romancier des rois

Chers lecteurs, cela faisait un bon bout de temps que je ne vous avais dédié de mot doux. Les hermines hivernent et moi, en l’occurrence, j’étais plongée jusqu’au cou dans la littérature.

Au sortir de cette longue période hors du temps, j’ai eu l’envie aujourd’hui de vous faire partager mon enthousiasme pour un auteur qui m’a fait passer de bien agréables heures de lecture.

Bien sûr, la littérature polonaise possède maints joyaux qui l’ont fait rayonner. Il y a évidemment les deux auteurs les plus prestigieux et sacrés, Sienkiewicz le Prix Nobel, et puis l’ardent poète-patriote romantique Mickiewicz. Cependant, permettez-moi de préférer entre tous un romancier si exceptionnel, si prolifique également, que l’on se demande comment il a pu tomber dans l’oubli :
Jozef KRASZEWSKI.

Une rapide présentation de cet écrivain du dix-neuvième siècle figure déjà sur ce site dans une rubrique spécifique regroupant les principaux écrivains polonais, avec, notamment un petit extrait de son œuvre la plus connue, le roman plein d’humour et d’aventures « SYN MARNOTRAWNY » (Le fils prodigue) qui lui avait valu à son époque une renommée bien méritée.

Cependant, j’étais loin d’avoir fait le tour des multiples facettes de son talent. Car ce romancier a publié des centaines d’ouvrages. Une autre petite hermine m’en ayant prêté quelques-uns, j’ai fait connaissance ainsi avec Kraszewski l’historien-romancier. Et son talent dans ce genre n’est pas moindre que dans ses œuvres plus humoristiques.

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4ème mot doux d’Hermine – La plus belle femme d’Europe.

Chers lecteurs, je vous entends réagir en découvrant ce titre. Vous vous dîtes déjà : « Allons bon, c’est sûr que cette hermine chauvine va nous raconter que les plus belles femmes d’Europe sont des Polonaises. »

Eh bien, mon récit est un peu différent. Certes, loin de moi la volonté de sous-estimer le charme des Polonaises. Il suffit de se promener dans les rues de n’importe quelle ville de Pologne pour être captivé par le grand nombre de femmes attirant le regard. Je me suis d’ailleurs, voyant cela, souvent étonnée qu’il n’y ait aucune Polonaise dont le nom et l’image brilleraient au firmament des stars du cinéma mondial par exemple… Ceci est une autre affaire.

Mon propos aujourd’hui est de vous parler d’une femme exceptionnelle dont je viens de découvrir l’incroyable vie, grâce à un ouvrage très documenté, écrit par un historien polonais passionnant, Jerzy LOJEK.

Ce livre s’appelle : « Dzieje pieknej Bitynki », c’est-à-dire « les aventures de la belle Bitynienne ». La Bitynie est une province à proximité d’Istanbul et c’est de là que provenait notre héroïne. Elle avait au cours de sa vie, été désignée par d’autres appellations, notamment « La belle Grecque », avant de s’appeler Zofia Wittowa-puis Zofia Potocka. Des Grecs vivant à Istanbul, il y en avait beaucoup, la Grèce étant à cette époque entièrement occupée par la puissance ottomane.

Cependant, innombrables furent les grands de ce monde, dans divers pays, qui la désignèrent le plus souvent par ce titre « la plus belle femme d’Europe »  Il faut donc croire, devant cette unanimité, qu’elle était effectivement extraordinairement séduisante. Et le récit de sa vie le prouve assez.

Mais, me direz-vous, pourquoi donc en parle-t-on sur ce site puisqu’elle n’était pas polonaise, mais grecque ? C’est que son destin fut étroitement lié à la Pologne où elle a habité depuis son plus jeune âge et jusqu’à sa mort, ayant épousé deux aristocrates polonais dont un magnat particulièrement important, puisqu’il s’agit d’un membre de la famille Potocki.

 

Dès le début de cet ouvrage, les évènements historiques, qui jalonneront la vie tumultueuse de Zofia, prendront une importance aussi primordiale que les actes de cette étrange héroïne, que sa naissance ne semblait pas destiner à une vie d’honneurs comme elle en a connu.

Le récit débute vers 1777 à Istanbul. A cette époque la Pologne, qui n’était pas encore tombée dans les partages par ses voisins mais, au contraire, possédait un immense territoire s’étendant aussi sur la Lituanie et une partie de l’Ukraine, entretenait des liens étroits avec la Turquie. Le roi Poniatowski y avait envoyé des diplomates dont un certain Boscamp-Lasopolski. Ce dernier fit connaissance à Istanbul d’une jeune fille d’une quinzaine d’années, fort jolie esclave d’origine grecque, que la mère offrait à la prostitution. Il l’acheta à sa mère et en fit sa maîtresse dévouée, et puis il revint seul en Pologne. La demoiselle, qui s’était attachée à lui, voulut le rejoindre à Varsovie. Boscamp accepta, en se disant vaguement qu’il pourrait l’amener au roi, celui-ci le chargeant parfois de lui trouver des jeunes domestiques pour l’aider à ses ablutions ( !). Cependant, il vint aux oreilles de Boscamp deux écarts de conduite de Sofia durant son long voyage vers Varsovie, qui irritèrent beaucoup le diplomate. D’une part, il apprit que Sofia s’était livré au dévergondage, probablement de type prostitution en cours de route, et d’autre part, elle clamait à qui voulait l’entendre qu’elle était fiancée avec Boscamp et allait en Pologne pour l’épouser !

Boscamp, qui n’avait nullement l’intention de convoler avec cette pauvre fille, fut furieux. Il était d’ailleurs déjà marié de longue date et père de cinq enfants dont l’un était le filleul du roi. Mais il finit par lui pardonner et l’accueillir en Pologne, les talents de persuasion et manipulation de Sofia – qui se révèleront fameux tout au long de sa vie – ayant commencé à produire ses effets.

Une fois en Pologne, la beauté exotique de la jeune fille d’Istanbul fit aussitôt sensation. Boscamp l’exhibait dans les salons, telle une attraction. Sans doute avait-il l’idée de l’utiliser un jour pour quelque mission diplomatique ou d’espionnage.

Et c’est un aristocrate polonais, Jozef Witt, qui, au premier regard, s’en éprit si radicalement qu’il alla jusqu’à l’épouser en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, sans se préoccuper de l’indignation de ses parents, stupéfaits d’une telle mésalliance, la famille Witt tenant un rang élevé dans le pays, le père ayant la fonction de général d’armée. Sofia, devenue Zofia Wittowa, grimpa donc alors, comme par un coup de baguette magique, officiellement dans la hiérarchie sociale. (Boscamp, de son côté, fut agréablement surpris de cette situation, car il n’envisageait pas d’entretenir la belle Grecque indéfiniment et était probablement sur le point de la renvoyer à Istanbul – où son sort aurait été probablement de se prostituer à nouveau.)

Grâce à ce mariage inespéré, elle va alors commencer sa carrière de femme du grand monde et de séductrice, accessoirement mettant au monde plusieurs enfants… Et à collectionner les amants les plus prestigieux, tandis que son auréole de « plus belle femme d’Europe » grandissait. Dans quelle langue communiquait cette ancienne esclave sans éducation ? Avisée, elle a su très rapidement apprendre et manier avec élégance le français qui, durant le dix-huitième siècle, était la langue utilisée dans les milieux aristocratiques de tous les pays d’Europe, de Paris jusqu’à Varsovie et même Saint-Petersbourg. Par la suite, elle saura plus ou moins bien s’exprimer en polonais.

Son époux, le major Jozef Witt, était un homme d’une quarantaine d’années, parait-il fort laid. Sa résidence principale, où il emmena son épouse, se situait dans ces provinces excentrées appartenant alors au royaume de Pologne, qui maintenant se situent en Ukraine, en Podolie, dans une localité appelée Kamieniec. Cependant, si les conditions de vie qu’il offrait là-bas à son épouse, furent sans nul doute quasi princières, Zofia n’entendait pas vivre recluse. Elle poursuivait une vie de réceptions infinies et d’innombrables voyages dans les diverses cours d’Europe, confiant les quelques enfants qu’elle avait mis au monde aux bons soins de leurs domestiques.

Les invités polonais les plus prestigieux séjournèrent ainsi dans leur domaine de Kamieniec et tous se déclarèrent subjugués par la beauté de la maîtresse de maison : Parmi eux l’écrivain Niemcewicz, le prince Adam Czartoryski, le poète Trembecki, familier des jeudis culturels du roi à Varsovie. Trembecki vouera un véritable culte à Zofia, composant des odes lui rendant hommage

Dans ses odes, il la comparait notamment à La Belle Hélène de l’antiquité:

« Sliczna Zofijo ! Twoje nawiedziny

Wioda mi na mysl obdalona Troje,

Z podobnej ona sginela prsuczuny,

Jakie sie slusznie o Kamieniec boje !”

 

Bo gdyby Olimp mial Jowicza jescze,

Ujrzelibysmy rozkoszne przemiany,

Zlote na ciebie lalyby sie deszcze,

Klekaby ciolek przed twymi kolany.

Ces quelques vers vous donnent un aperçu de l’idolâtrie qu’elle suscitait… Durant un long séjour à Varsovie avec son mari, ils furent reçus avec tous les honneurs par le roi Poniatowski qui estimait la famille Witt. Elle fit sensation à la cour de Varsovie où ils restèrent deux mois.

Ce n’est pas fini. Cette idolâtrie dépassa bientôt les frontières. Elle eut l’occasion de rencontrer à Vienne le puissant empereur d’Autriche Jozef II de Habsbourg. Ce dernier fut si impressionné par sa splendeur qu’il voulut que sa sœur, qui n’était autre que notre Marie-Antoinette, la vît à son tour et, en la lui recommandant, il lui ouvrit ainsi la porte vers la Cour de Versailles et les salons de Paris.

A Paris, où elle se présenta comme  « Sophie, comtesse de Witt », nouveaux succès frénétiques ; on ne parlait que d’elle. Si le placide roi Louis XVI devait perdre la tête d’une autre façon, ses deux frères, quant à eux, perdirent la tête pour elle. Aussi bien celui qui allait devenir le roi Louis XVIII que celui qui devint le roi Charles X devinrent ses amants fugitifs. Mme Vigée-Lebrun réalisa son portrait.  De passage à Vienne au retour, on signale une nouvelle conquête de taille : Le chancelier des Habsbourg, le prince Kaunitz.

Au retour de cette tournée triomphale, ces confins orientaux durent lui sembler bien isolés… et son mari quelque peu ennuyeux.

Pour échapper à l’ennui, elle voulut fréquenter d’autres familles brillantes de cette région, et parmi eux, l’un des magnats les plus prestigieux de la Pologne d’alors : Stanislaw-Szczesny Potocki. Celui-ci était marié, père de famille, leur immense domaine se situait dans les environs, à Tulczyn. Comme d’autres membres de sa famille de magnats, il possédait des centaines de villages où d’innombrables habitants travaillaient pour lui. (Vive l’ancien régime !)

Il était donc immensément riche, le pouvoir des magnats, imbus de leurs privilèges, dépassant d’ailleurs allégrement celle du roi, ce qui se révèlera d’ailleurs une situation catastrophique pour les évènements de la Pologne qui surviendront bientôt avec son dépeçage par les trois états voisins, particulièrement par la Russie de Catherine II.

Mais pour l’heure, les événements historiques n’étaient pas encore dramatiques et la vie continuait agréablement dans cette contrée de l’Ukraine polonaise.

Zofia a eu bientôt l’occasion de rencontrer Catherine de Russie, qui elle aussi la prend en amitié. Il semble que la tsarine lui confie un vague rôle d’espionnage vis-à-vis de l’empire Ottoman, les relations entre la Russie et la Turquie tournant en conflits.

Zofia et Szczesny Potocki sont follement amoureux l’un de l’autre. Chacun d’eux va demander le divorce. Jozef Witt, l’époux de Zofia, y consent assez vite (il en a peut-être un peu marre d’être, partout où il va, étouffé derrière le prestige de son épouse) et il va se remarier peu après. (Sa nouvelle épouse, Karolina Wittowa, va par la suite se faire connaître justement par moultes révélations acides sur la vraie nature et le passé discutable de la belle Grecque, apportant un bémol dans ce concert de louanges qui l’entourait.)

Cependant, l’épouse de Szczesny Potocki, Jozefina, refuse catégoriquement quant à elle,  le divorce. Cette femme, plutôt libre d’esprit, vivait pourtant très peu avec son mari, se plaisant à résider entre les deux capitales, Varsovie et Saint-Petersbourg. Elle n’a sans doute pas envie de changer quoi que ce soit dans son statut, la phénoménale fortune de son époux lui assurant un train de vie royal partout où elle se plait à résider.

Même si ce refus radical du divorce contrarie les deux amoureux, en les empêchant de se marier, cela n’empêche pas Zofia de s’installer désormais aux côtés de Potocki, dans son immense domaine de Tulczyn en nouvelle maîtresse des lieux. Elle y reçoit encore des hôtes prestigieux, dont à nouveau le poète Trembecki, son éternel adorateur qui va écrire un poème devenu célèbre « Zofiowka » en hommage au parc grandiose qu’elle a fait implanter sur le domaine, qui passait pour l’un des plus ravissants de toute l’Europe.

Elle va avoir plusieurs enfants avec Potocki. On sait qu’il a déjà plusieurs autres enfants, déjà grands, de sa première épouse. L’un d’eux, prénommé Jerzy, deviendra allègrement l’amant de Zofia… Et de leurs relations coupables naîtra un fils.

Szczesny, découvrant par hasard le pot aux roses, soupçonnant que ce nouveau fils était en réalité son petit-fils, en sera atterré et ce coup du sort raccourcira sa vie.

Mais avant cet épisode final, Zofia a continué sa vie aventureuse. N’ayant jamais renoncé à ses voyages partout en Europe, les rencontres, bonnes ou mauvaises, qu’elle fait à ces occasions, marqueront son existence.

La mauvaise rencontre, c’est l’agression en voyage par une bande de bandits Italiens, dont l’un qui paraît-il était célèbre : Caracolli. Il la viola et quelques mois plus tard, elle donna naissance à un nouvel enfant, qui fut prénommé Mieczyslaw. On étouffa l’affaire, Szczesny Potocki fit semblant de ne pas mettre en doute sa paternité sur cet enfant et il le reconnut officiellement comme tous les autres fils. Cette fâcheuse histoire aurait donc été passée sous silence si des évènements futurs n’en avaient décidé autrement. En effet, ce fils, Mieczyslaw, devenu grand, se révèlera particulièrement cynique en voulant chasser de la maison sa propre mère dès que Szczesny Potocki mourra. Zofia, avec l’énergie du désespoir, se défendra becs et ongles pour garder les biens, osant, à cette fin, révéler le sordide épisode de son passé, invoquant devant les tribunaux, au cours de procès interminables, le fait que Mieczyslaw, en réalité, n’était pas le fils du comte Potocki mais qu’il était issu d’un viol qu’elle a subi par le brigand italien Caracolli…(dommage pour eux, les tests ADN n’existaient pas, ce qui aurait rendu la situation plus claire).

Mieczyslaw, impassible, plaidera que s’il est peut-être effectivement le fils du bandit rencontré par sa mère, c’est bien le comte Potocki, son père officiel, qui l’a reconnu sans restrictions, et qu’il a droit légitimement à la succession de ce fait. Devant un tel cynisme de la part de son fils, Zofia va s’adresser, en désespoir de cause, à celui qui a pris entre temps tout pouvoir sur le pays après le partage de la Pologne par Catherine de Russie : Le nouveau tsar Alexandre 1er, lui aussi sensible au charme ensorcelant de Zofia ! Il va trancher en sa faveur, éloignant par la force Mieczyslaw vers une détention provisoire en Sibérie.

Pour bien comprendre cette situation politique qui a changé avant même la mort de Szczesny Potocki, il nous faut revenir sur des évènements historiques particulièrement dramatiques, l’histoire prenant d’ailleurs, dans la seconde partie du livre de Jerzy Lojek, une importance dépassant encore celle des aventures de Zofia. Ou plutôt l’histoire de la Pologne et celle de Zofia s’entremêlent car elle y tiendra un certain rôle.

Le roi Poniatowski, on le sait, a balancé durant tout son règne, entre le désir de ménager les fameux magnats attachés frénétiquement à leurs immenses privilèges, et le désir de moderniser la Pologne, en sortant le pays de ses structures et de son inégalité sociale, quasi-féodales. En même temps, ses relations avec la menaçante tsarine Catherine II étaient tout aussi ambigües. Il avait été jadis son amant, avait tenté de garder de bonnes relations diplomatiques avec la Russie, tout en mettant un point d’honneur néanmoins à faire revivre la Culture polonaise, en encourageant artistes et écrivains. (voir « les jeudis culturels du roi » sur ce site).

Inspiré par les idées philosophiques françaises, dont il s’est imprégné lors de séjours de jeunesse à Paris, le roi Poniatowski va alors donner naissance à la Constitution du 3 Mai 1791 (première constitution d’Europe). Cette constitution, instaurant un nouvel ordre social, bien plus moderne, va déclencher une réaction hystérique de la part des magnats, précipitant la Pologne vers les évènements les plus dramatiques de son histoire et son dépeçage final pendant plus d’un siècle.

Et c’est à cette occasion que Szczesny Potocki va se manifester, se plaçant du côté des traitres à la Pologne, ces magnats, comme Branicki et Rzewuski, qui se rangèrent sous la bannière russe en demandant que Catherine de Russie intervienne !

Les aristocrates polonais se divisèrent en deux camps : Ceux qui, derrière le général Kosciuszko, se battirent vaillamment contre la main-mise de la Russie sur leur pays ; et, face à eux, des traitres, s’unissant pour former « les confédérés de Targowica », surtout soucieux de préserver ces privilèges très anciens qui les faisaient vivre comme des seigneurs.

La puissante famille Potocki elle-même va être divisée pour choisir son camp. Si Ignacy Potocki va choisir de combattre résolument contre le dépeçage par la Russie, d’autres de la famille, tel notre fameux Szczesny Potocki, vont s’allier à la Russie contre les Polonais.

Les troupes du vaillant Kosciuszko ayant été finalement vaincues, en 1793, malgré leur héroïque résistance, la Russie imposa sa loi. Et à ceux qui s’étaient battus pour l’indépendance de la Pologne, tels Kosciuszko et Ignacy Potocki, c’est la prison et la déportation qui les attendaient. Pour les autres, tel le perfide Szczesny Potocki, c’est les récompenses et les honneurs. Ainsi, ce dernier va obtenir le titre ronflant de « général des armées russes » !  (même s’il a prétendu parfois qu’il a été dépassé par les évènements, n’imaginant pas les vrais desseins de Catherine II qui allait rayer purement et simplement la Pologne de la carte).

Alors quelle fut la position de notre Zofia dans tout cela ? Une attitude ambigüe, comme il fallait s’y attendre de cette femme avant tout arriviste et opportuniste, bien que nullement mauvaise.

Quand ces évènements éclatèrent, elle venait de faire connaissance avec un personnage russe de la plus haute importance : Le général Potemkine. Ce fringant officier, qui avait été l’un des nombreux amants de la tsarine Catherine II, tomba éperdument amoureux de Zofia. Ils coulèrent à Saint-Petersbourg de brefs moments de roucoulements car Potomkine, (qui passait pour être aussi malade psychiquement que physiquement) décéda peu après. Il apparaît que Zofia, néanmoins aurait parlé à son nouvel amant, résolument en faveur de la Pologne, montrant que tardivement au moins, elle avait commencé à se sentir quelque peu Polonaise. (Potemkine, juste avant de mourir si rapidement, clamait qu’il allait devenir « le roi de Pologne ».

Après la mort de son époux Szczesny Potocki, Zofia resta dans le domaine de Tulczyn, en compagnie des nombreux enfants qu’elle avait eus de ses deux mariages, ainsi que ceux de son défunt mari. Cependant, la dernière partie de son existence fut ternie par deux soucis dominants, dont la source furent d’une part son beau-fils Jerzy, et d’autre part ce fameux fils Mieczyslaw,.

Son beau-fils Jerzy, issu du premier mariage de Potocki, après avoir été son amant, conserva d’affectueuses relations avec elle. Néanmoins, il était un incorrigible joueur, perdant des sommes fabuleuses partout où il passait, d’un bout à l’autre de l’Europe, et il fallait sans cesse le renflouer. Cependant, épuisé par sa vie de patachon, il mourut jeune.

Quant à Mieczyslaw, le fils de Zofia probablement issu de son viol par le bandit Caracolli, , il se révéla, devenu grand, incroyablement cynique, voulant mettre la main sur tout le domaine, obligeant sa mère, pour se défendre, à d’interminables procès épuisants.

Et c’est à Paris, de manière inattendue, qu’on retrouve trace de ce personnage :

A Paris, avenue Friedland, tout près des Champs-Elysées, se dresse un splendide immeuble qui abrite maintenant la Chambre de Commerce et d’Industrie. On peut en visiter l’intérieur grandiose durant les journées annuelles du Patrimoine. Lors de la visite, on apprend que ce ravissant hôtel particulier appartenait auparavant à l’un des descendants des magnats Potocki.

Et que c’est le comte Nicolas Potocki qui possédait dans les années 1880, nous signale-t-on, outre cette résidence, d’autres demeures aussi éblouissantes, à Rome et à Vienne ! Potocki se partageant entre toutes ses demeures, restant peu de temps à chaque endroit, c’est son épouse, une comtesse italienne qui y brillait alors, donnant de grandioses réceptions, y recevant Maupassant, Fauré, Proust lesquels célébraient son charme.

Et qui est donc ce Nicolas Potocki, qui a hérité en 1879 de cet hôtel particulier ?

C’était le fils du fameux Mieczyslaw, qui, selon sa mère, était le fils naturel d’un bandit italien ! Ce Mieczyslaw, dans son domaine de Tulczyn, se montrait pingre et inhumain avec ses paysans et domestiques, mais il amassait une véritable fortune qu’il plaçait à l’étranger en y achetant des biens immobiliers précieux. Grâce à cela, son seul fils, Nicolas, a pu hériter de cette grandiose demeure à Paris, comme dans d’autres capitales.

Formidable destinée pour quelqu’un qui était (comme il ressort de la biographie de Zofia basée sur de très nombreuses correspondances) issu d’un supposé bandit italien et d’une ancienne prostituée d’Istanbul… La réalité dépasse décidément la fiction.

Ce n’est qu’à l’approche de soixante ans, semble-t-il, que cette fameuse séductrice perdit peu à peu de sa beauté, se consacrant en contrepartie davantage à ces nombreux enfants issus des diverses unions. Cependant, seule l’une de ses filles, Olga, apparaît comme proche de sa mère. Elle allait donner naissance à un enfant et Zofia se réjouissait à l’idée de connaître pour la première fois le bonheur d’être grand-mère. Mais elle ne connut pas cette joie. Elle était alors en voyage et mourut d’épuisement sans avoir pu voir le nouveau-né.

On n’entend bien peu parler, de nos jours, de celle qui fut, quasi-officiellement, dénommée « la plus belle femme d’Europe » et c’est pourquoi j’ai trouvé intéressant de vous résumer son histoire mouvementée si liée à celle de la Pologne de cette époque charnière entre le 18ème et le 19ème siècle.

Fabuleux destin que celui de cette pauvre prostituée d’Istanbul, devenue si vénérée, acclamée, honorée, à travers toute l’Europe, aimée par les plus prestigieux personnages de l’histoire de cette époque.

(Je m’étonne cependant qu’elle n’ait pas cherché à rencontrer et séduire à son tour Napoléon Bonaparte lors de ses séjours à Varsovie. Il est en effet l’un des rares fabuleux personnages à n’apparaître à aucun moment parmi la liste de ses adorateurs. Napoléon se promenait pourtant à cette même époque dans la Pologne décomposée – où il eut tout de même le mérite de reconstituer un duché de Varsovie –  et, à défaut de rencontrer cette irrésistible séductrice, c’est sur la comtesse Maria Walewska qu’il jeta son dévolu.)

Il n’y a pas à dire, le monde devait être bien aussi superficiel que maintenant pour que l’apparence physique puisse ouvrir pareillement toutes les portes !

J’aime mieux, finalement, l’histoire de celle qui ne fut sans doute pas la plus belle femme d’Europe mais peut-être la plus courageuse, peut-être la plus intelligente ; vous savez bien, celle qui vainquit tous les obstacles pour faire des études scientifiques fermées à son époque aux femmes, qui travailla comme une forcenée pour faire d’utiles découvertes, qui reçut deux prix Nobel, de physique et de chimie, et qui est la première femme enterrée au Panthéon pour ses mérites . Marie Sklodowska-Curie bien sûr.

Néanmoins, l’histoire de Zofia la belle Grecque, en plus d’être glamour, nous fait revivre les évènements de la Pologne du roi Poniatowski de manière saisissante. Si ce personnage vous a intéressés, voici les références de l’ouvrage de Jerzy LOJEK. « Dzieje Pieknej Bitynki », Institut Wydawniczy  PAX Warszawa 1962

A plus tard, chers lecteurs !

Hermine.

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5ème mot doux d’Hermine – Wojtek l’ourson héroïque

                        WOJTEK, l’OURS-SOLDAT

Voici l’histoire véridique et singulière d’un soldat du 2ème Corps polonais du général Wladyslaw Anders (commandant en chef de l’Armée polonaise au Moyen-Orient puis durant les batailles en Italie, Anders fut avec le général Sikorski, l’une des figures principales des forces polonaises combattantes de la seconde guerre mondiale).
Le soldat héros de notre récit est … l’ours brun prénommé Wojtek.

Wojtek l’ours est né en 1941 dans la région d’Hamadam en Iran.

Des soldats polonais avaient acheté un ourson orphelin en Iran qu’ils prénommèrent Wojtek . C’était un ours brun de Syrie mais il ressemblait beaucoup aux ours de Pologne . Les soldats le nourrissaient de légumes, de fruits et de pain, de conserves de viandes, de  confiture et bien sûr autant que possible de miel.

Lorsqu’il était petit, il dormait sous la tente avec les hommes; puis, il eut droit à son propre dortoir : une caisse de bois . Mais il ne l’utilisait pas souvent, préférant aller se blotir contre ses amis humains.  Il devint la mascotte de toute la compagnie. Les hommes le gâtaient.

Lorsque l’Armée Anders dut s’embarquer pour l’Italie, Wojtek fut officiellement incorporé sur les registres du Corps et reçut son livret militaire et un matricule ce qui lui permit de suivre la troupe.Petit, il s’était habitué à voyager à côté du chauffeur dans les véhicules et il garda cette habitude.

Wojtek a servi dans la 22ème Compagnie de ravitaillement de l’artillerie du 2ème Corps dont il est devenu l’emblème.

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3ème mot doux d’Hermine – le Miracle sur la Vistule

Non, chers lecteurs, je ne veux pas vous parler des miracles jadis accomplis par la Vierge Noire de Czestochowa, ni ceux attribués à sa Sainteté le pape Jean-Paul II. Le miracle que je vais évoquer, c’est bien un homme en chair et en os qui en est l’auteur. Un homme à la volonté de fer, un peu trop controversé, un peu trop oublié.
Aussi ai-je eu envie de rendre un hommage particulier à cet homme-là :

N’a-t-il pas de belles moustaches ? Comment, vous lui trouvez une tête patibulaire ?
Attendez d’avoir lu (ou relu) son odyssée pour vous faire une idée. En effet vu la somme d’épreuves, de difficultés de toutes sortes qu’il a dû affronter (avec énergie) durant sa vie, il est probable que peu d’entre nous, à sa place, auraient l’air de rigoler.
Voici donc un très succinct résumé de la vie du Maréchal Jozef PILSUDSKI.

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